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Le Ghetto de Venise

Le Ghetto de Venise
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Du campo San Geremia il est aisé de passer sur le svelte pont à obélisques dei Guglie, et d’aboutir au Ghetto.

Installés à demeure depuis plus de cinq siècles les juifs vénitiens y ont fondé leurs synagogues et leur université en construisant « une ville dans la ville« . C’est un quartier assez sombre où les habitants semblent avoir conservé une attitude réservée.

Venise est à la fois une ville occidentale et d’influence orientale. La domination qu’elle a exercé sur ses territoires colonisés a eu pour effet de mêler des populations d’origine différentes. Des traditions diverses se sont implantées dans la vie sociale et culturelle des Vénitiens, au fil des siècles.

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Au temps de sa suprématie commerciale et maritime elle fut choisie comme lieu de résidence par de nombreux négociants, artisans, marins, des Grecs, Dalmates, Allemands, Arméniens, Egyptiens, Turcs, Juifs, qui ont eu plus ou moins dans la ville, leur quartier, leur entrepôt de marchandises, leurs boutiques, leurs échoppes.

De tous ces habitants d’origines diverses, les Juifs ont certainement été les plus tracassés.
Les Juifs étaient eux-mêmes regroupés en communautés différentes, venant d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne, du Portugal et du Proche-orient, assez peu liées entre elles.

Dans les premiers siècles de la fondation de Venise, les Juifs n’eurent pas le droit d’être reconnus comme résidents, comme le furent très vite les Dalmates, par exemple.

Leur présence à Venise est constatée surtout à compter du 14e siècle. En 1366 la République leur avait donné l’autorisation de s’installer sur l’île de la Giudecca et d’y enterrer leurs morts.

Les Juifs Ashkenazes furent les premiers à s’installer dans le quartier où se trouvait une fonderie de métaux pour la fabrication des canons, dans le Ghetto Nuovo (Geto, ou Ghetto est le mot vénitien qui signifie fonderie).

Quant aux Juifs Séfarades qui avaient été chassés d’Espagne, à partir de 1492 en conséquence de la reconquête des Rois Catholiques, qui parlaient une autre langue et ne voulaient pas cohabiter, ils se virent désigner en 1541, une proche partie du nord, le Ghetto Vecchio, où se trouvait une fonderie désaffectée.

La densité des habitants s’éleva très vite, d’autant que la construction de l’église du Rédentore obligea à de nombreuses expropriations dans la Giudecca, conduisant au départ des occupants vers le Ghetto. Ils furent ainsi condamnés à vivre en surnombre dans un quartier insalubre, éloigné des lieux de leur activité commerciale.

Les maisons du Ghetto durent être relevées jusqu’à huit ou neuf étages. Elles restèrent peu agréables sans aucun élément d’ornementation architecturale.

Les murs du Ghetto furent privés de fenêtres qu’on obstrua, sur l’extérieur. Deux portes furent aménagées qui étaient fermées chaque nuit; on en voit encore les gonds aujourd’hui.

Pendant des siècles le quartier du Ghetto sera opulent, très vivant, ce qu’il n’est plus. Très commerçant doté de boutiques de bijouterie, de fourrures, de banques, il abritera ses communautés dans une sécurité protégée bien que les Ashkénazes et les Séfarades s’opposent à maintes reprises.

De nos jours quelque deux-cents familles vivent encore dans ce qui est devenu un lieu de culture et d’esprit religieux.

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La bibliothèque, le musée, la maison de repos fonctionnent normalement dans une activité bien vivante.

Il est très intéressant de visiter le petit musée des objets d’art, et de se rendre à la scuola levantine et à la scuola espagnole qui sont logées dans deux petits palais charmants. De beaux bois précieux, des escaliers de marbre, des stucs dorés contrastent avec leur aspect extérieur.
La Scuola grande Tedesca, des 16e-17e siècles à cinq fenêtres aux arcs jumelés, aux peintures vertes est sur le campiello. Elle est très raffinée, décorée à la feuille d’or et possède des richesses amassées pendant cinq cents ans.
Pour aller au Ghetto il faut emprunter le canal du Cannaregio. Au pont delle Guglie se trouve l’entrée signalée par une petite plaque rendant hommage aux victimes de la Seconde Guerre mondiale.