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Antiquité – Les Arcs de Triomphe

Antiquité – Les Arcs de Triomphe
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L’édification des portes monumentales et des arcs de triomphe a bénéficié d’une très grande faveur du peuple romain. Cette forme d’architecture imposante correspondait au concept de la vie politique de ce peuple conquérant, car elle était spécifiquement réservée aux événements importants méritant une commémoration solennelle.

L’arc de triomphe eut d’abord une signification religieuse dans la célébration d’une victoire.

Au retour d’une guerre de conquête gagnée sur un ennemi anéanti, il était important de passer sous une « porte sacrée » destinée à affranchir les combattants restés en vie de la puissance destructive dont ils avaient fait preuve pour la gloire de Rome.

Le symbole prit ensuite une signification exclusivement réservée à l’empereur lui-même. Il s’agissait de la victoire d’un seul homme, l’imperator, sur l’humanité.

Le culte de sa personnalité conduisit à le célébrer seul, aux dépens de la victoire remportée au prix de lourds sacrifices humains.

La célébration consistait à faire défiler un cortège triomphal, d’abord sous des structures provisoires en bois, les fornices, c’est à dire des portes de grande dimension placées sur la voie centrale du forum.

Le désir de perpétuer un souvenir tangible d’un jour de gloire, considéré comme politiquement essentiel, fit que les formices de bois cédèrent la place à des monuments commémoratifs pérennes taillés dans la pierre et le marbre.

Ces monuments prirent une forme toujours répétée : un arc, à une ou trois baies en plein cintre, entouré de colonnes et de bas-reliefs, surmonté de statues, disparues pour la plupart.

Le défilé ayant à sa tête le général vainqueur avançait sous les yeux d’un peuple reconnaissant pour les services rendus à l’Etat.

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La fête dégénéra dès la fin de la République et devint sous l’Empire un spectacle attractif dont la foule désoeuvrée était friande. Les chefs militaires qui étaient en tête laissaient percevoir leur goût du pouvoir et leur espoir de se préparer à un avenir des plus avantageux.

La célébration d’un triomphe était soumise à approbation du sénat. Un chef militaire vainqueur ne pouvait prétendre à un tel mérite que s’il avait ôté la vie à cinq mille ennemis au moins durant la campagne et s’il avait ramené impérativement ses troupes victorieuses à Rome.

Il ne pouvait être question de rester en territoire conquis, avec une armée, à quelque titre que ce soit.

Cependant l’extension prodigieuse des territoires soumis à l’Empire eut pour conséquence la nécessité d’organiser quelquefois le triomphe sur les terres conquises.

C’est la raison pour laquelle bon nombre d’arcs de triomphe romains sont visibles de nos jours,en Syrie à Palmyre, en Jordanie à Jerash, en Algérie à Djémila et à Timgat, au Maroc à Volubilis, pour n’en citer que quelques uns.

Le défilé se préparait par la concentration des troupes sur le Champ de Mars, près du temple d’Apollon.

Venaient en tête tous les sénateurs, des magistrats, des notables; puis les musiciens.

Le butin de guerre était montré à la foule : armes, bannières, sculptures, coffrets de bijoux d’or et de pierres précieuses, trésors des temples et des palais pillés. Des maquettes représentant les villes conquises et leurs forteresses. Des esclaves portaient des inscriptions donnant le détail des exploits de la campagne de guerre.

Les captifs enchaînés suivaient. Leur qualité de princes, généraux, dignitaires, représentants d’un clergé, rehaussait le prestige des vainqueurs.

Les prêtres, accompagnés des sacrificateurs des animaux à immoler et à offrir aux dieux, précédaient l’empereur triomphant, assis sur un char magnifique à quatre chevaux.

Le défilé pouvait durer deux ou trois jours si le butin de guerre était important et les captifs nombreux.

A partir de l’Empereur Auguste dont on avait célébré la victoire sur Antoine et Cléopâtre, en Égypte, l’honneur du défilé devint l’apanage exclusif des empereurs. Les généraux et stratèges durent se résigner à ne plus être ovationnés sur la voie sacrée.

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Le défilé se terminait sur le Capitole qui, à l’époque, était ouvert sur le Forum.

L’Empereur Titus, fils de Vespasien, vainqueur de Jérusalem est honoré par un arc de triomphe sur la Velia, petite hauteur reliant le Palatin à l’Esquilin. Cet arc a été érigé après sa mort, dédié à sa mémoire.

Son règne a été très court, 79-81 après Jésus-Christ, mais il a su mettre fin par un ultime assaut à une campagne de guerre que son père menait depuis 66 en Judée.

Il reçut le titre officiel de « délice du genre humain ».

L’arc, qui est la première architecture de ce style construite à Rome, a une baie unique. Il a fait en 1888 l’objet d’une restauration du sculpteur Valadier.

La voûte a 15 m 40 de hauteur. Elle porte un bas-relief représentant l’apothéose de Titus. On y voit l’âme du divin empereur emportée par un aigle, allégorie de sa divinisation.

L’Empereur Hadrien (117-138) lui fit construire un temple où figure Titus triomphant sur son char. C’est la consécration glorieuse d’un empereur qui n’a pas eu de cortège sur la voie sacrée.