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La Chapelle Sixtine

La Chapelle Sixtine
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C’est le pape Jules II, au début de son pontificat, en 1506, sur les conseils intéressés de Bramante et de Raphaël, qui désira faire décorer le plafond de la chapelle, alors peint en bleu et constellé d’étoiles, depuis sa construction.

vatican_sixtineLa chapelle, partie la plus célèbre du musée, a été édifiée par Giovanni de Dolci entre 1475 et 1481, sous Sixte IV.

De 1481 à 1483, les murs, au-dessous des fenêtres, furent ornés de fresques par BoticelliGhirlandaio,CosimoLe PeruginPinturicchio, en panneaux rectangulaires représentant des scènes de la vie de Moïse et de la vie de Jésus. Entre les fenêtres, les niches présentent des portraits de papes.

Vingt cinq ans plus tard, le pape Jules II propose à Michel-Ange la décoration de la voûte bleue. L’artiste hésite. Il se consacre essentiellement à la sculpture.

Il oeuvre sur le projet de tombeau de Jules II commandé en 1505.

Il n’a peint jusqu’ici que « La Sainte Famille » qui est aux Offices de Florence et il veut être considéré comme un sculpteur. Même pendant la décoration de la voûte, il signe son courrier de la formule « Michel-Ange sculpteur ».

L’accord est conclu en mai 1508, un quart de siècle après l’édification de la chapelle.

intrieur_chapelleLa salle monumentale a des dimensions impressionnantes : 40,5 mètres de long, 13,2 mètres de large, 20,7 mètres de hauteur. Le jour est donné par six fenêtres de chaque côté des deux murs latéraux. Les fenêtres sont surmontées de lunettes qui reçoivent la retombée des voûtes et contribuent à la diffusion de la lumière.

Andrea Bregno est l’auteur de la Tribune des Chantres.

Le pavement est incrusté de splendides marbres polychromes.

 

L’Oeuvre de Michel-Ange 
Michel-Ange sera pour la première fois responsable d’une décoration sur mortier frais, la fresque. Il travaillera seul, après avoir renoncé à l’aide de collaborateurs comme Granacci et Bugiardini, et achèvera seul une oeuvre qui deviendra légendaire, couvrant mille mètres carrés de décoration d’une exceptionnelle splendeur.

La prépara-tion des dessins et des cartons occupe son temps jusqu’en janvier 1509. Les triangles sphériques qui surmontent les lunettes interdisent le choix du développement d’un sujet à thème unique.

C’est en qualité d’architecte-sculpteur que Michel-Ange trouve la bonne solution. Il décide d’ouvrir les peintures sur des horizons de ciel, annulant les murs et organisant la voûte en un gigantesque trompe-l’œil. Il crée picturalement un ensemble artificiel de supports, d’encadrements, de médaillons, où seront placés trois cents personnages environ, des figures décoratives, des prophètes, des sibylles.

Bramante est chargé, par le pape, de monter l’échafaudage. Mais Michel-Ange refuse le projet d’un accrochage aux voûtes. Il préfère un échafaudage reposant sur le sol et s’élevant à vingt mètres.

L’artiste restera allongé, face au plafond, dans une position des plus malaisées, le visage, la barbe, les cheveux inondés de peinture, les articulations douloureuses, ne demandant de l’aide que pour le broyage des pigments et la préparation des couleurs. Il avait renoncé au dessin préparatoire et peignait directement au pinceau.

Commencé en mai 1508, le travail, se termine en octobre 1512quatre années de travail, seulement interrompues par des périodes de maladie de l’artiste. L’oeuvre est dévoilée le jour de la Toussaint.

Le pape venait souvent lui rendre visite pour stimuler son énergie. Les propos échangés se terminaient parfois par des altercations tumultueuses, scandées par la canne du pontife.

Raphaël qui travaillait alors à la décoration des chambres (stanze) de l’appartement du pape Jules II au Palais du Vatican venait aussi mais en visiteur clandestin.

La peinture du plafond de la Sixtine commença par l’entrée de la salle et gagna progressivement le mur de l’autel.

Les compartiments entre les lunettes font imaginer un étage en attique où sont placés les personnages assis.

L’impression est donnée que des travées de voûtes s’élèvent dans toute la partie centrale, au-dessus des faux pilastres, qui laissent voir le firmament, animé d’une multitudes de figures, jusqu’aux neuf scènes de la Genèse.

Les neuf panneaux ainsi déterminés sont consacrés aux thèmes de la création, de l’expulsion du paradis et de la vie de Noé. Le sujet est traité en trois parties : l’origine du péché de l’humanité, l’origine de l’homme,  l’origine du monde.

C’est celle de l’origine de l’homme qui est la plus célèbre. La scène suprême en est la création d’Adam, au corps admirablement modelé, chef-d’oeuvre du naturalisme pictural au regard  chargé de l’étincelle initiale, de la première conscience du destin de l’homme.

Le Dieu éternel le fait naître à la vie, l’effleurant d’un doigt, dans un envol de chérubins et d’êtres célestes.

 

michel_ange_jugement_dernierLe Mur de l’Autel 
Restait la décoration du mur de l’autel de la Sixtine que le pape Paul II confia à Michel-Ange, trente ans plus tard, en 1535.

L’artiste choisit, pour un mur de vingt mètres de haut, le thème du Jugement Dernier. Un mur de briques doublant l’autre assure la ventilation. Il est penché de 30 centimètres pour empêcher l’accumulation des poussières.

Le 31 octobre 1541, le pape et la cour vinrent admirer l’oeuvre terminée. Le pontife s’agenouilla et pria. Son émotion ne fut pas partagée par tous, car les personnages nombreux, montrés en totale nudité, n’emportèrent pas l’adhésion générale.

Condamnée par le Concile de Trente en 1563, l’oeuvre risqua la destruction, proposée par le pape Paul IV. La fresque fut sauvée, en 1565, le peintre Daniel de Volterra, procédant à une modification pour draper de linges 36 personnages et les rendre pudiques. Il fut surnommé « le culottier« .

La composition du Jugement Dernier est organisée en fonction de l’étagement de la chapelle. La lumière étant parcimonieuse et faisant naître un climat d’angoisse, Michel-Ange variera peu les nuances de sa palette. A part l’ovale plus clair où se trouvent le Christ et la Vierge, les couleurs restent ternes, l’espace est indéfini.

Dans la partie supérieure, traités comme des géants, des anges portent les instruments de la Passion.

Au centre, parmi une foule de personnages nus, le Christ annonce le jugement effroyable qui fait se détourner la Vierge. A droite, les élus montent au Ciel. A gauche, les damnés sont précipités vers l’enfer dans une chute effrénée et franchiront le fleuve du Styx. Pierre tient les clefsLaurent tient le grill du supplice.

Dans la partie inférieure, des anges, de dimension plus petite, annoncent le jugement avec des trompettes.

L’oeuvre de Michel-Ange à la chapelle Sixtine, est devenue le symbole même de la Renaissance, un haut lieu de l’activité créatrice de l’art, attirant les visiteurs du monde entier qui ne cesseront de s’extasier.

La chapelle n’est pas qu’un musée. Le pape y célèbre des messes privées. C’est un haut lieu de la vie religieuse. C’est aussi le lieu de réunion du conclave lors de l’élection d’un nouveau pape.

sixtine

 

La Restauration
Les travaux de restauration de la voûte, des lunettes et du mur, entrepris à compter de 1980 ont eu un résultat qui a stupéfié les experts du monde entier.

La patine grise due à la poussière et aux fumées des cierges, accumulées depuis des siècles, ayant disparu, les fresques montrent les couleurs claires et éclatantes de Michel-Ange, dans la tradition picturale de Florence, cité d’origine du grand artiste.

On savait que cinquante ans après sa décoration, la fumée des cierges avait déjà terni les couleurs. Dès 1566 des travaux de restauration avaient été effectués. Cent cinquante ans plus tard une deuxième restauration eut lieu.

En 1950, il fut décidé de s’attaquer à une nouvelle restauration dont toutes les phases furent filmées par une chaîne de télévision japonaise qui finança l’essentiel de la campagne. Les restaurateurs commentaient leur travail en direct.

Afin de conserver les somptueuses couleurs retrouvées, une technique moderne consista à utiliser une lumière froide masquée qui n’endommage pas les peintures. Un système de climatisation électronique contrôle en permanence l’hygrométrie et la température.