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La Domus Aurea

La Domus Aurea
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Parmi les empereurs que l’Histoire a qualifié de mégalomanes, de psychopathes, de paranoïaques, de débauchés, qui moururent poignardés, étranglés, empoisonnés, l’Empereur Néron, qui assassina sa mère Agrippine et fut soupçonné d’avoir mis le feu à la ville de Rome, est sans doute le plus célèbre dans les excès de toutes sortes.

Né en 37 après J.-C., il accéda au trône à 17 ans. Sa mère qui avait assassiné son deuxième époux, tenta de le régenter. Mais Néron excédé de cette tutelle, organisa son assassinat, en 59.

Instruit par les meilleurs maîtres, comme Sénèque son précepteur, il se piquait d’être poète. Il jouait de la lyre pour accompagner ses vers.

Ce cruel narcissique, persécuteur des tout premiers chrétiens, se suicida pendant un soulèvement populaire, en 68, en disant : « Quel poète périt avec moi » .

Sa mégalomanie l’entraîna à projeter l’édification d’une maison de transition, la domus transitoria, accolée à la colline de l’Oppius, réunissant en un seul palais toutes les propriétés de ses prédécesseurs, sises sur le Palatin et l’Esquilin.

Ce palais fut détruit dans le grand incendie de 64, qu’on lui attribua et qui ravagea plusieurs quartiers de Rome.

N’abandonnant pas son projet, il fit ériger une deuxième résidence aux proportions démesurées, ayant l’allure d’une ville, avec des jardins et un lac artificiel dont on put dire qu’il ressemblait à une mer.

domus_aurea_fresquesSa statue gigantesque dans le large vestibule avait 120 pieds de hauteur, un peu moins de quarante mètres.

S’ajoutaient à l’ensemble, des champs, des vignes, des villas agricoles et une forêt où étaient parquées des bêtes sauvages.

La somptuosité décorative, voulue par l’empereur, utilisait l’or à profusion. Les salles étaient ornées aussi de pierres précieuses. Les plafonds des salles à manger étaient en ivoire. Certains, amovibles, laissaient tomber des pluies de fleurs sur les convives.

 

neronLes Romains baptisèrent très vite cette demeure aussi somptueuse que controversée de Domus Aurea (la maison dorée).

La grande salle principale ronde, tournait constamment pour imiter la rotation du soleil. Les thermes étaient approvisionnés en eau de mer.

Le successeur de Néron, l’Empereur Vespasien fit démolir la Domus en grande partie, à compter de 69 pour entreprendre la construction du Colisée.

L’espace du lac artificiel y fut englobé.

L’Empereur Trajan (98-117) y fit placer ses thermes et fit opérer bon nombre de prélèvements, matériaux précieux et marbres, pour l’édification de son forum.

Hadrien (117-138) sur l’espace du seul vestibule, fit ériger le temple de Vénus.

Peu d’éléments ont subsisté car des terrains furent rendus aux citadins qui avaient été spoliés.
A la Renaissance, de grands artistes comme Michel -Ange et Raphaël participèrent à des explorations du site. Un fait important pour l’art eut lieu : la mise à jour de sortes de chambres et grottes, sous les couches de gravats, ornées de fresques aux dessins délicieux de fleurs, feuillages, de personnages ailés, d’animaux et d’objets gracieux entrelacés d’arabesques de fantaisie.

Ces ornements peints furent appelés « grottesche« .

domus_aureaDans l’art français ces « grotesques » furent employés par l’école du Primatice, peintre italien qui vécut et mourut à Paris en 1570, appelé par François 1er pour la décoration du château de Fontainebleau

Les peintres s’en inspirèrent pour l’ornement des salles du Vatican, des palais et demeures royales et princières d’Italie, de France et d’Europe.

Au 18e siècle fut reprise l’étude de ces procédés de décoration qui donnèrent lieu à la réalisation de gravures pouvant servir de témoignage de l’architecture impériale romaine et de ses fresques peu à peu disparues par les méfaits du temps.

Depuis 1999, l’accès aux vestiges est possible.

Des 150 pièces répertoriées, une trentaine de salles peut être visitée après 20 ans de restauration.

Si l’on ne peut déceler la magnificence de cette prodigieuse demeure, peut-on au moins avoir conscience de ce que fut l’impressionnant palais et ses gigantesques voûtes aux traces de mosaïque encore visibles.