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L’île de Torcello

L’île de Torcello
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Aux Ve et VIe siècles, lorsque les envahisseurs successifs du nord, Goths, Huns et les Lombards, vinrent détruire par la barbarie la contrée de Vénétie, les habitants de la côte se réfugièrent sur les sables de la vaste lagune, emportant tout ce dont il était possible de se charger, outils d’agriculture, de maçonnerie, barques de pêcheur, pierres des églises.

Ils purent ainsi assurer leur émigration et bâtirent des cabanes en torchis, en osier, montées sur pilotis, à l’embouchure du fleuve Pô.

L’histoire des premiers occupants reste obscure. Leur évêque avait transféré l’évêché après le sac de leur cité d’origine, Altinum, en 639.

Un des nombreux jardins potagers de Torcello Le destin de ces nouveaux insulaires se fixa sur les îles, moitié terre et moitié eau, dans un isolement inquiétant qui les rendit courageux, tenaces, inflexibles.

Plusieurs lieux de fixation furent choisis. Certains s’installèrent dans l’île qui est aujourd’hui Torcello, car, en élevant une tour de guet on s’aperçut que l’on pouvait voir toutes les îles de la lagune et surveiller toute incursion (Torcello signifie petite tour)

Ainsi naquit la première communauté, bien avant que l’idée d’aller habiter à Rivo Alto (futur Rialto) ne prenne forme.

Pendant des siècles la petite agglomération prospéra.
Vers 1500, une vingtaine d’églises s’y trouvait, les rues étaient pavées, reliées par de nombreux ponts. Il en reste un, l’antique « pont du diable« , dépourvu de parapet, qui servit longtemps aux jeux traditionnels d’un pugilat populaire qui précipitait les participants dans l’eau.

La ville de trente-mille habitants montrait fièrement ses nombreuses tours, et portait le titre de cité maritime.

Les temps défavorables s’annoncèrent. Le sable des rivières combla les canaux, la malaria (mauvais air) décima la population, le commerce concurrencé par celui du Rialto déclina, le habitants partirent pour Venise. La ville fut abandonnée puis oubliée.

Les constructeurs vinrent à Torcello chercher les matériaux des palais et des habitations délaissées, emportant les colonnes, les corniches, les sculptures, les marbres décoratifs.

Aujourd’hui, une centaine d’habitants y demeure encore.

Depuis le 19e siècle les promeneurs et les touristes y viennent chercher le regret mélancolique d’une ville fantôme.

L’île est restée verte. Il y a encore des jardins, des vergers, des fermes. Les fruits et les légumes vont approvisionner le marché du Rialto.

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Le canal permet de rejoindre la terre ferme. La piazza peut encore s’atteindre par quelques vestiges de rues et de quais. Trois trattorias vous attendent pour la pose du déjeuner. La plus célèbre est la Locanda Cipriani qui appartient au Harry’s bar.

Deux églises, essentielles dans leur architecture et leur beauté artistique, sont à visiter absolument, l’église octogonale de Santa Fosca et la cathédrale Santa Maria Asunta que l’on a qualifiée de « plus émouvante église de la chrétienté ».


torcello_assuntaSanta Maria Assunta

La cathédrale Santa Maria Assunta est la plus ancienne de toute la lagune. Elle fut fondée par l’Exarque de Ravenne en 639. Une inscription est visible, gravée à gauche du choeur, du temps de l’empereur byzantin Héraclius.

C’est là que les influences de Rome et de Byzance tracent une ligne distinctive. D’un côté, l’architecture gothique à voûtes, de l’autre côté l’architecture byzantine à dômes, présente aussi à Constantinople, en Russie, en Inde.

On dit qu’elle avait été construite dans la peur car l’on croyait que l’An Mille verrait la fin du monde.

L’imposant campanile, très haut, a perdu son sommet en 1640, foudroyé. Mais de forts supports protègent ses fenêtres. Dans un style sommaire, il est toujours debout. On peut y grimper pour admirer le nord de la lagune.

Elle a bénéficié de plusieurs restaurations aux 9e, 11e et 14e siècles.
C’est l’édifice le plus ancien de la lagune. Cette extrême ancienneté est confirmée par le plafond aux poutres apparentes et par le pavement.

Le choeur et l’abside principale (7e siècle) sont séparés de la nef par une iconostase du 11e siècle composée de panneaux de marbre encastrés de fines colonnes. Sur les panneaux sont placés, en relief, des lions, des paons.

Au-dessus des colonnes, des peintures ont été réalisées par un maître de Venise du 15e siècle montrant la Vierge et les apôtres.

L’abside de droite porte une mosaïque remarquable. Le christ est entre les archanges Gabriel et Michel. En dessous, les pères de l’église, Ambroise, Augustin, Grégoire et Martin, dans une mosaïque du 12e siècle, a été réalisée par des artistes de Ravenne.

Une grande mosaïque illustre toute la paroi ouest de scènes de crucifixion, de la résurrection, du jugement dernier, (12e et 13e siècles). Le récit se lit, de haut en bas, en six épisodes.
Au-dessus des stalles, l’importante mosaïque sur fond d’or montre la haute figure de la Madonna Teotoca serrant l’enfant-Dieu promis au triste avenir du sacrifice. L’oeuvre est due à des maîtres grecs. On dit que rien n’a été créé qui puisse lui être comparable.

Sur le côté droit, se trouve la cathédra, chaire de l’évêque.

A l’extérieur, il faut remarquer les vestiges d’un baptistère et d’un oratoire du 11e siècle, restauré au 18e siècle, où, dit la légende, la dépouille de Saint Marc aurait été déposée.

 

santa_fosca_01Santa Fosca
L’église porte le nom d’une martyre de Ravenne, dont c’est la dernière demeure.

Elle voisine étroitement avec Santa Maria Assunta, très proche.

Elle fut érigée au 11e siècle, sur l’emplacement d’un sanctuaire du 7e siècle.

Elle est due également à des maîtres-ouvriers grecs.

L’intérieur est dessiné par un plan en croix grecque. Le chevet est décoré de doubles colonnes minces, plaquées contre de délicats ouvrages maçonnés, avec quelques frises décoratives.

Elle est toute simple et remarquablement proportionnée.