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Antonio et Francesco, les Guardi

Antonio et Francesco, les Guardi
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Le Peintre Antonio Guardi (1699-1760) est né à Vienne où son père (1678-1716) originaire du Haut Adige s’était installé à la fin du 17e siècle afin de mieux vendre ses tableaux de genre.

Antonio eut une place particulière dans l’art pictural, aménagée sous la protection de la famille Giovannelli.

Autour des peintures et de quelques dessins de sa première époque, on peut regrouper un ensemble d’oeuvres indiquant sa forte personnalité formée à des expériences de la grande peinture décorative. Il ne cessera de produire des chefs-d’oeuvre du Rococo. Il a réalisé, seul, la tribune des chantres de l’église San Angelo Raffaello avec la Vie de Tobiolo (ou Tobias) qui consacre le sommet de la peinture Rococo, dans une luminosité vibrante et un rythme étourdissant.

Il est, avec son beau-frère Tiepolo, le fondateur de l’Académie de peinture de Venise.

On a peu de données sur la vie des deux frères, Antonio et Francesco, qui ont travaillé étroitement ensemble et exécuté un grand nombre d’oeuvres en commun, ce qui ne permet pas de déterminer aisément la part d’ouvrage de chacun d’eux, d’autant qu’ils travaillaient sous l’influence de leur beau-frère Giambattista Tiepolo, ce qui a accru leur renommée.

On peut en donner comme exemple les fameuses scènes parallèles du Parloir du Couvent et du Ridotto (1745) que l’on voit au musée Rezzonico; ces tableaux n’ont pas d’auteur déterminé. Ils peuvent être tout aussi bien de l’un ou de l’autre Guardi.

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Les premiers tableaux qui sortent de l’atelier sont des tableaux à thème religieux et aussi quelques portraits des rois d’Espagne Philippe V et Ferdinand VI. Les Guardi suivent Le Correge comme le font presque tous les peintres religieux du 18e siècle italien.

Parmi les scènes profanes, on peut citer les cycles de Jérusalem qui sont à Londres.

A la mort d’Antonio en 1760, le cadet Francesco prend la direction de l’atelier familial mais n’entre à l’Académie de peinture qu’en 1784, comme peintre de vues. (Vedute en italien)

Francesco, né en 1712, est lié à la tradition « Vedutista » c’est à dire à la tradition de la peinture des vues urbaines, ces vues de palais et de canaux que se disputeront les collectionneurs européens où Francesco Guardi prolonge le peintre Canaletto, avec toutefois une vibration plus grande de la lumière et un pinceau beaucoup plus libre.

Bien qu’il ait signé Un Saint en Extase (1747) et Le Miracle de Saint Dominique, Francesco sera à jamais le peintre des vues de Venise. A partir de 1760, à la mort de son frère, il se consacrera exclusivement à cet art délicat.

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Comme Canaletto il représente les fêtes vénitiennes, comme le Départ du Bucentore, galère du Doge. Mais il néglige le caractère rigoureusement topographique et statique de la ville pour donner à ses vues une atmosphère essentiellement vivante.

En quelques touches rapides il rend avec subtilité les vibrations d’une lumière limpide ou voilée dans une sensibilté frémissante rendant l’instant fugace d’une qualité lyrique.

La liberté et la légèreté de son art, son sens du dessin élégant sont particulièrement appréciés dans ses paysages imaginaires.

Il impose son style unique que l’on a jugé quelquefois pré-impressionniste à une époque où triomphe le courant néo-classique.

Francesco fut le génie des Guardi et l’un des derniers représentants de la peinture vénitienne au moment où la vieille sérénissime s’apprêtait à tomber.

Francesco Guardi , Venise, Piazza San Marco, 1760

Francesco Guardi , Venise, Piazza San Marco, 1760