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Carpaccio, le mouvement et la couleur

Carpaccio, le mouvement et la couleur
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Vittore Carpaccio, ou Scarpa (de son vrai nom Scarpazza), est né à Venise vers 1465. Il a été l’élève puis le collaborateur de Gentile Bellini.

carpaccio_ursule Dans ses débuts, il peint d’une manière objective et narrative rappelant les tapisseries flamandes. Les scènes décrivant des événements se déploient dans une atmosphère pittoresque, avec une absence d’unité dans le style, mais tout en mouvements et en couleurs.

Malgré l’influence de Gentile et de Giovanni Bellini, Carpaccio n’occupe qu’une place marginale dans la peinture vénitienne. Il ne composa pas de grands polyptyques.

Vers 1490, il décore la Scuola de Sainte Ursule, où la famille Loredan a sa sépulture.

Sainte Ursule est un personnage légendaire de la tradition chrétienne, une princesse anglaise qui a accompli avec son fiancé et onze mille servantes vierges, un pélerinage à Rome, auprès d’un pape tout aussi légendaire, Cyriaque.

A leur retour, les pèlerins furent tous massacrés par les Huns, près de Cologne. La cathédrale de Cologne pour honorer cette légende, est dédiée à Sainte Ursule.

La série des neuf toiles de Carpaccio sur ce pèlerinage est au Musée de l’Académie de Venise. Elle présente une succession de scènes se déployant, avec un grand nombre de personnages, dans un climat de festivités : le départ des fiancés, l’arrivée à Rome, les ambassadeurs … à l’exception d’une seule toile relative à un rêve de la sainte, traitée dans un intérieur calme et lumineux.

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Carpaccio réalise pour la Scuola de San Giovanni, Le Miracle de la Croix au pont du Rialto, qui est aussi au Musée de l’Académie.

L’influence de Giovanni Bellini se verra surtout dans les petits tableaux d’église dont les sujets sont souvent les mêmes chez les deux peintres, choisis par Giovanni.

Avec les Bellini également, Carpaccio participe à la décoration du Palais des Doges. Ses deux toiles sont détruites en 1577 lors du grand incendie.

Au tout début du 16e siècle, l’artiste travaille à la Scuola San Giorgio degli Schiavoni où il traite la vie des saints de Dalmatie, Georges, Jérôme et Tryphon.

Dans ce cycle, une toile est particulièrement admirée de tous ceux qui visitent la scuola. On y voit Saint Augustin à sa table de travail dans son cabinet d’études, apprenant, par un songe la mort de Saint Jérôme, sous l’oeil étonné d’un petit chien frisé.

La pièce où se trouve Saint Augustin est décrite avec une précision scrupuleuse. La collection d’objets d’art sur le mur est étonnante de détails minutieux.

carpaccio_miracle_croixMiracle de la Croix au Pont du Rialto
L’ensemble du cycle révèle une grande diversité d’atmosphères et d’ambiances. Les scènes évocatrices ont été longtemps tenues pour être l’oeuvre d’un primitif. Mais au 19e siècle romantique, elles furent réhabilitées et considérées comme minutieusement fouillées. Même ses esquisses révèlent le degré de précision qu’il obtenait dans la préparation de ses compositions.

Ses oeuvres sont aujourd’hui principalement dispersées entre des musées italiens, le Musée Correr et la Ca’d’Oro.

Après l’oeuvre de la Scuola degli Schiavoni, il demeure insensible à la révolution prônée par son confrère Giorgione et refuse d’adapter son style aux changements du 16e sicèle.

Il préfère conserver le même traitement naïf et grave, le même goût du pittoresque, le même sens de l’art courtois où il peut développer ses dons de narrateur.

carpaccio_presentation_jesusIl fait plusieurs séjours à Ferrare, ce qui affirme son traitement d’une lumière dorée qu’on retrouve, par exemple dans son « Christ mort » (à New York).

On l’accuse de décadence, pourtant il donne un tableau étonnant, Les Courtisanes (Musée Correr) où il traite une atmosphère énigmatique jugée passionnante.

La Scuola des Albanais lui commande une décoration ayant trait à la Vierge protectrice.

Les six toiles sont aussi dispersées. Deux sont au Musée Correr et à la Ca’ d’Oro.

Le peintre se répète et s’affaiblit.

Il faut se souvenir qu’il a été le premier peintre des Vedute, ces paysages urbains où il excella dans le détournement du paysage réel au profit d’une étrangeté onirique, d’une liberté exceptionnelle de couleurs, de tons et de nuances.

Au regard de l’époque du Titien qui s’annonce, c’est un peintre jugé archaïque. Il meurt en 1520.