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Garbatella, une cité-jardin à Rome

Garbatella, une cité-jardin à Rome
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Le 18 février 1920, sur les collines dominant la basilique Saint Paul Hors les murs (San Paolo fuori le mura), le roi d’Italie Victor Emmanuel III pose la première pierre de ce qui allait devenir la « cité-jardin » de la Garbatella, l’un des plus récents quartiers historiques de Rome.

Les cités jardins apparaissent à cette époque dans les pays industrialisés, dans la banlieue de Londres, dans celles de Paris ou de Milan. Après des décennies d’une urbanisation souvent anarchique, destinée à faire face dans l’urgence  à un exode rural massif et au besoin de main d’œuvre dans les grandes cités industrielles, on construit en périphérie, là où le terrain moins cher permet de disposer de plus d’espace, de concevoir des cités à taille humaine où la ville prendra des airs de campagne.

Partie du quartier Ostiense, le secteur choisi pour la Garbatella est alors un mélange de friches, de vignes, de pâturages ou paissent des moutons. Un endroit pratiquement inhabité et au milieu duquel demeuraient quelques anciens bâtiments de fermes.

En ce début de 20e siècle (et des toutes premières années du fascisme italien), le projet architectural comprend un ensemble d’habitations, dans un quartier ouvrier à l’extérieur des murs de Rome, le long de la « Via des Sept Eglises », l’antique « Appia antica » , voie romaine qui relie la Basilique San Paolo à l’église de San Sebastiano.

Garbatella

 

Il s’agit, dans un esprit de planification urbaine,  de loger les ouvriers du port, finalement jamais construit, terminal d’un canal, lui aussi resté à l’état de projet, qui devait relier Ostie aux abords de Rome.

Le premier ensemble envisagé, conçu par les architectes Marcello Piacentini et Gustavo Giovannoni, est une petite cité-jardin comprenant cinq lots, soit un total de 190 logements, répartis en quarante-quatre bâtiments : quelques maisons individuelles et de petits immeubles de deux où trois étages.

Cinq lots d’origine, référence d’une architecture en avance sur son temps, tant sur le plan esthétique que d’un point de vue fonctionnel. Les plus anciens sont répartis autour de la Piazza Benedetto Brin, où se trouve une plaque commémorant l’inauguration de 1920.

Le quartier continua à se développer jusque dans les années 1935, pour atteindre un total de soixante-deux lots, confiés à différents architectes et ingénieurs.

Un quartier au charme certain, décalé, poétique, onirique, presque rural, aux allures de province, où poussent les fleurs, les pieds de tomate et les potirons, autour des maisons aux teintes défraîchies, incroyable palette d’artiste variant en mille nuances de l’orange à l’ocre et au jaune.

L’architecture, typique des années 1920 et 1930, met en avant la fantaisie dans la décoration des façades. Chaque bâtiment est particulier, différent des autres par ses éléments décoratifs, par mille détails de style. Stucs et bas-reliefs, décorations d’inspiration florale, mais aussi représentations animales, parfois figures de légende, fantastiques, et mystérieuses… Un style dit « Barochetto » ,  un baroque romain populaire, comparable en certains points au « Rococo » du 18e siècle.

Garbatella

 

Aujourd’hui espaces d’agrément, les jardins furent à l’origine conçus pour assurer une contribution à l’alimentation des habitants. D’autres espaces étaient réservés aux séchoirs à linge, aux lieux de réunion en plein air, centres de solidarité sociale, avec des tables communes et des bancs en pierre. Des buvettes et petits restaurants, dont certains subsistent aujourd’hui, étaient le cœur de la vie sociale.

La Garbatella est l’un des quartiers romains préférés du réalisateur italien Nanni Moretti (« il quartiere che mi piace più di tutti » ) qui le parcourt sur sa Vespa au début de son film « Journal Intime » (Caro Diario).

Il est plaisant de s’y perdre par une chaude journée d’été, de découvrir ses jardins (n’hésitez pas à entrer dans les lots) de parcourir ses petites rues de province, de s’asseoir à la terrasse de la Vineria Cesaroni et de rencontrer les habitants, fiers de leur quartier historique, qui ne manqueront pas de vous en indiquer les plus beaux endroits à visiter.

Comment se rendre à Garbatella
Le quartier est facile à rejoindre à partir de la station de métro Garbatella sur la ligne B de la « Metropolitana ». En sortant du métro, dirigez-vous vers le sud sur environ 200 mètres. Le quartier de la Garbatella s’étend d’est en ouest sur un diamètre d’environ un kilomètre. A voir : la piazza Benedetto Brin, le Teatro Palladium, la Piazza Damiano Sauli, la Piazza San Eurosia…
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