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La Sacra di San Michele

La Sacra di San Michele
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Au débouché de la vallée de la Suse, perchée à 960 mètres d’altitude sur le sommet rocheux du mont Pirchiriano, l’Abbazia di San Michele della Chiusa (plus souvent appelée Sacra di San Michele ou en français, « Abbaye de Saint-Michel-de-la-Cluse » ) est l’une des plus importantes abbayes du Piémont.

Au 13e siècle, cette abbaye bénédictine, magistral exemple de l’art Roman en Europe,  avait acquis une telle importance qu’elle avait sous sa dépendance cent quarante autres monastères, tant en Italie qu’en France. Elle fut visitée par Saint Anselme d’Aoste et par les moines de l’abbaye de Cluny.

Haut lieu de pèlerinage à travers les siècles, Saint-Michel de la Cluse était située sur un itinéraire connu sous le nom de Via Sacra Langobardorum, une variante de la Via Francigena, qui la reliait en une ligne droite aux deux autres des trois plus grands monastères dédiés à l’archange Saint-Michel, objet d’un culte soutenu  : le Mont-Saint-Michel en France, et Monte Sant’Angelo, à Foggia, dans les Pouilles. Une ligne droite qui se prolongeait jusqu’à Jérusalem.

Elle est aujourd’hui, dans l’esprit des lecteurs d’Umberto Eco, associée à son roman médiéval  « le Nom de la Rose« , dont elle a inspiré l’idée, et dont un film a été tiré, signé par Jean-Jacques Annaud, avec les fantastiques interprétations de Sean Connery et de Michael Lonsdale.

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L’abbaye fut établie au tout début du 11e siècle, en plein coeur du Moyen Age, à l’emplacement d’un petit sanctuaire élevé par les Cénobites un siècle et demi plus tôt. L’instigateur de ce projet audacieux fut un certain Ugon de Montboisier, Siegneur d’Aurec, dit le « Sdrucito » (le Déguenillé), un riche seigneur issu d’une noble famille d’Auvergne.

Sur cet espace restreint, la construction est un chef-d’œuvre d’ingéniosité et d’équilibre. La chapelle occupe le sommet du rocher, tandis que les bâtiments s’appuient sur un audacieux système de piliers de poutres et de contreforts dominant le vide. Les murs épais, dignes de ceux d’une forteresse, permettent à l’abside de l’église de déborder au-dessus du vide, de la vallée, et du village d’Avigliana en contrebas.

La façade, haute de 41 mètres, massive et imposante, impressionne d’emblée. Longues lignes droites et géométrie dans la partie basse, courbes régulière au sommet, et un mélange de gris et de vert sous le bleu intense du ciel. L’endroit est magique.

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On pénètre dans ce « château dans le ciel » en empruntant un monumental et abrupt escalier intérieur en pierre. Deux cent quarante trois marches taillées dans le rocher, et un faible éclairage naturel dont le clair-obscur transporte d’emblée le visiteur dans une ambiance à la fois médiévale et fantastique. Dans les niches aménagées dans la paroi rocheuse étaient exposés, jusqu’en 1939, les squelettes de certains moines ayant vécu dans l’abbaye, donnant à l’escalier le nom qu’il a désormais conservé.

L’escalier débouche sur la « Porte du Zodiaque », œuvre du sculpteur médiéval Nicolao et chef-d’oeuvre de la sculpture du 12e siècle, représentant sur sa face interne les douze signes du zodiaque ainsi que les constellations australes et boréales.

Passée la porte, on atteint une petite esplanade inondée de lumière d’où la vue s’étend sur la vallée, sur les cimes alpines environnantes et jusqu’à Turin lorsque le temps est dégagé.

Une volée d’escalier, dominée par des arcs-boutants de construction plus récente permet de se retrouver au plus haut de la basilique, face à la porte d’entrée de l’église, large portail de pierre grise et verte de style roman.

Un sanctuaire roman, modifié au cours des siècles, et dont l’abside est orientée vers le point où se lève le soleil le 29 septembre, jour de la fête de Saint Michel.

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Le monastère connaîtra une grande période d’activité à partir du 12e siècle et trois siècles durant. Une activité finalement suspendue par le Pape Grégoire XV à la suite de changements politiques intervenus dans le royaume de Savoie. Il faudra attendre le 19e siècle pour qu’une congrégation religieuse, l’ordre des Rosminiens,  s’installe à nouveau dans le monastère et lui redonne vie en accueillant les pèlerins.

La Sacra di San Michele se trouve à moins d’une heure à l’ouest de Turin, en direction de Susa. Une route de montagne conduit au monastère à partir du village d’Avigliana. Le monastère est ouvert aux visites du mardi au dimanche de 9h 30 à 12 h 30 et de 14 h 30 à 18 h en été et à 17 h en hiver. Le prix du billet d’entrée est de 6 €. Les visiteurs accèdent à la Scala dei Morti, à la terrasse, à l’église, ainsi qu’aux ruines de l’ancien monastère parmi lesquelles la tour de la bell’Alda. On ne peut malheureusement visiter ni la bibliothèque ni les appartements historiques du monastère.