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L’art du Verre à Venise

L’art du Verre à Venise
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Pendant cinq siècles l’île de Murano a été le socle d’une industrie des plus florissantes, rivalisant avec les techniques du cristal de Bohême.

Les fabriques de Murano, connues du monde entier, fournissaient à la Cour de France, à la Cour impériale d’Autriche, aux Cours des Duchés italiens, comme aux palais de Venise les plus beaux lustres de cristal polychrome ou les miroirs aux encadrements de verre taillé.

Mosaïque du palais Barbarigo en honneur à l’Art du Verre La renommée de Murano est internationale depuis 800 ans, car elle s’est rendue maîtresse de l’Art du Verre qu’elle détient encore, quoique banalisé, mais toujours prospère.

L’art du verre fut pratiqué, en Europe, dès l’époque romaine. Il se développa sans doute à Venise vers le 10e siècle et y prit rapidement del’importance, malgré le danger que représentait le fonctionnement des fours (fornace) dans une ville au tissu urbain très dense.

Le Natre
Il faut remonter vraisemblablement aux Egyptiens qui, par bateaux, transportaient le natre (natron) nom ancien donné au carbonate de sodium cristallisé servant à la conservation des momies. Ils l’extrayaient du lac de Natroun, en Basse Egypte, à l’état de dissolution.

En se trouvant sur une rive sablonneuse et en allumant un feu pour un repas ou pour la nuit, il a pu se faire incidemment qu’un contact se produise entre le natre et le sable et que les flammes favorisent leur fusion commune en une lave translucide se mettant à couler, avant de se solidifier en se refroidissant.

Le natre a joué le rôle de « fondant » à l’égard des composants du sable : silice, calcaire, potasse, soude.

Ainsi, des millénaires avant notre ère, la pâte de verre gagne peu à peu le Moyen-Orient, puis plus tard la Méditerranée et enfin Rome.

Au 10e siècle, Venise est à son tour conquise par l’expérience. Les premiers verriers s’installent dans la riche cité.

La qualité spécifique du sable de la lagune vénitienne, la qualité de l’air ambiant et le savoir-faire d’un peuple ingénieux et inventif ont pu donner naissance à un matériau prodigieux, mis au point pendant des siècles d’expérimentation qui a conduit à l’Art du verre.

Les techniques de production
Aux techniques de la création s’ajouteront la recherche à l’infini des formes, la recherche des colorations par les oxydes métalliques, les substances végétales, animales, et par les opacifiants.

Les couleurs et les pâtes célèbres sont pour quelques unes le rubis rouge sang, l’aigue-marine, la blanc de lait, l’aventurine pailletée de cuivre si difficile à réussir, le millefiori qui donne naissance aux perles.

Toutes les techniques atteignent la perfection : émail, gravure, filigrane, incrustation d’or, d’argent, de pierres précieuses.

Les matières premières, silice, soude, potasse, chaux, contenues dans le sable blanc, les opacifiants, les colorants, sont versés dans un creuset réfractaire déposé au centre du four, à la température de 1 400 degrés centigrades.

La boule incandescente, malléable, qui se forme est saisie à l’aide d’une canne creuse par le « cueilleur » ouvrier ou apprenti qui la passe au maître-ouvrier. En tournant la canne sur les bardelles, par torsion des poignets, avec des gestes presque sensuels, celui-ci façonne la masse vitreuse, l’étire à l’aide de pinces, la taille avec les ciseaux en éliminant les parties inutiles. Les outils sont restés les mêmes depuis des siècles.

Peu à peu l’ébauche prend forme. Il faut aller au four plusieurs fois pour maintenir la souplesse de la masse travaillée et soufflée par l’artiste.

A l’aide d’une truelle (paletta) l’objet, allongé, affiné par le soufflage se modèle, s’harmonise, s’unifie, se lisse dans une implacable précision de gestes, selon la volonté et l’imagination, jusqu’au résultat désiré.

Le savoir-faire des maîtres-ouvriers de Murano, transmis de père en fils fut de réputation unique au monde.

L’objet fini, refroidi, ira rejoindre les rayons d’exposition de la fabrique de verrerie.

Les chandeliers, vases, coupes, plats, gobelets, verres, pichets, ainsi que les petits sujets animaliers, les personnages colorés de la comédie italienne sont les représentants d’une fabrication banalisée de sujets stéréotypés dont les touristes sont friands. Les magasins sont nombreux dans les rues principales.

Le verre aujourd’hui
Il faut se féliciter cependant que certains ateliers créent encore, dans la tradition, des pièces magnifiques, vases, miroirs, lustres, copies d’anciens ou véritables chefs-d’oeuvres de l’art contemporain.

Après la guerre de 1939-1945 pendant laquelle les composants et les colorants ont manqué, Murano s’est réveillée. Les créations de l’atelier Venini notamment avaient donné le ton.

Depuis une vingtaine d’années, des artisans italiens et étrangers, européens et américains, peintres, désigners, céramistes, se laissent séduire par cette matière « qui hante l’imagination » et collaborent avec les verriers pour la création d’oeuvres d’art authentiques s’éloignant des modèles traditionnels et atteignant des prix judicieusement élevés du courant avant-gardiste.

Il faut se rendre au Musée du Verre, au Palais Giustiniani (17e siècle), unique en italie. Il abrite une collection rare de 4000 pièces couvrant l’art du verre de l’Antiquité à nos jours. Il fait connaître toutes les écoles traditionnelles de traitement du verre, l’évolution des techniques et des styles, au fil des siècles et la célébrité de Murano, dans un itinéraire captivant.

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