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Fils unique d’Alessandro Falca qui est un fondeur du métal argent, Pietro Longhi (1712-1785) s’initie d’abord dans l’atelier du peintre Balestra, puis part à Bologne où il entre à l’Académie du peintre Giuseppe Crespi, chez qui il se perfectionne et qui aura sur lui une grande influence durable.
La deuxième partie du 18e siècle, qui verra arriver la fin de l’indépendance de la République de Venise (1797), et qui sera témoin de la philosophie des Lumières en France, trouvera à Venise comme dans toute l’Europe, un esprit innovateur qui imprégnera, bien sûr, les arts figuratifs.
A Paris, à Londres, à Venise, qui sont alors les centres les plus importants de l’art, se construit une culture picturale nouvelle qui fait naître la représentation de la réalité quotidienne.
Si les védutistes traduisent la beauté des villes et de leurs monuments, d’autres artistes vénitiens se tournent vers la société des hommes et peignent des portraits, des scènes de genre.
Dans ce courant, Pietro Falca, dit Longhi, occupera une place primordiale.
Il est fils d’Alessandro Falca qui est un fondeur du métal argent. Il n’aura lui-même qu’un fils, Alessandro, qui sera peintre.
Il s’initie d’abord dans l’atelier du peintre Balestra, puis part à Bologne où il entre à l’Académie du peintre Giuseppe Crespi chez qui il se perfectionne et qui aura sur lui une grande influence durable.
A son retour à Venise en 1730, il entre à la confrérie des peintres. Il s’adonne d’abord à la grande peinture murale et décorative, mais il n’y réussit pas.
Il réalise, au Palais Sagredo, une composition : La Chute des Géants.
Mais il trouve son vrai style avec les scènes de la vie vénitienne, la voie d’un intimisme populaire.
Il découvre d’abord cette culture grâce à William Hogarth, portraitiste anglais dont les estampes sont d’une grande vivacité d’expression, puis par la fréquentation du peintre Watteau dont il reçoit l’influence des idées françaises.
Il crée un type de tableautins aux scènes bourgeoises traitées en des coloris raffinés, feutrés, savoureux.
Au delà de leur intérêt historique, ses toiles sont des oeuvres d’art accomplies, montrant les qualités picturales, la luminosité qui rappellent l’influence de Crespi.
Il est rapidement le plus célèbre peintre de génie de l’école du 18e siècle. Son ami Carlo Goldoni l’apprécie et l’admire beaucoup. Il est peintre d’avant-garde et suit une carrière qui sera unique à Venise.
Son trait délicat rappelle la miniature avec réalisme et vérité. Ses couleurs étalées avec des pinceaux de miniaturiste suivent ses dessins minutieux.
Il peint tout, dans des gammes de tons clairs : des leçons de danse, des concerts, des toilettes d’enfants, des conversations de salon, dans la mode du temps.
Il peint la vie quotidienne, des scènes d’intérieur, des scènes de rues, qu’il s’agisse du peuple ou de l’aristocratie, dans une fraîcheur incomparable, teintée d’humour, jusqu’à la moquerie, dans un aspect caricatural, pittoresque, comme par exemple dans le tableau du rhinocéros qui est au musée de la Ca’Rezzonico.
Il entre de l’ironie dans la description des personnages richement vêtus, dans leurs appartements, guindés dans leur vie de luxe et de « farninente« .
L’art avec lequel sont peints les costumes réussit à faire revivre l’esthétisme maniériste du monde vénitien, dans un climat d’intimité débonnaire et familiale.
Le musée de l’Académie de Venise possède une importante série du genre.
En 1756 il entre à l’Académie de peinture nouvellement créée. Il y professe pendant plus de 20 ans. Son fils Alessandro reprendra sa charge en 1773.
Pietro Longhi est l’un de ceux qui ont le mieux cultivé le petit portrait de famille de petit format éloigné des portraits d’apparat.
Il a représenté fidèlement la société de son temps, comme un mémorialiste. Ses portraits de l’aristocratie de Venise ont un reflet historique car il a été le seul peintre à les décrire aussi efficacement.
