Pise a été fondée quelques siècles avant Rome, à l’endroit où à cette époque confluaient le Serchio et l’Arno. D’origine grecque, la cité fut ensuite dominée par les Ligures et les Etrusques.
Devenue colonie romaine sous le nom de « Colonia Julia Obsequens » , ses chantiers navals étaient déjà célèbres. Au moyen âge, elle eut à soutenir d’âpres luttes contre Venise et Gênes pour l’hégémonie de la mer. Alliée de Gênes ou seule, la République Pisane combattit souvent les Sarrasins. Ses domaines s’étendirent à la Sardaigne, à une partie de la Corse et jusqu’aux îles Baléares. Pise participa aux croisades, et dans la longue et dure guerre des Guelfes et des Gibelins, elle prit le parti de ces derniers.
Sa puissance va croissant à partir de 11e siècle et atteint son apogée au cours du 13e siècle. Puis la décadence survient à la suite de luttes intestines et de guerres soutenues contre les puissances rivales. La défaite de la Meloria (1284) causant la destruction de la flotte par les Génois, fut particulièrement grave de conséquences et le déclin suivit la mort de Henri VII de Luxembourg, ami politique de la cité, qui comptait sur son assistance pour la défendre des menées dangereuses d‘Uguccione della Faggiola et de Castruccio Castracani. L’accession de Charles VIII au trône de France ne put empêcher Pise, après un long siège fièrement supporté, de tomber définitivement sous la domination de Florence, dont elle partagea ensuite le destin.
Une journée entière, au moins, est nécessaire pour visiter Pise. Il convient de la commencer par les monuments les plus importants, c’est-à-dire en se transportant sur la rive droite de l’Arno, piazza del Duomo, où s’élèvent, dans une admirable ordonnance, quelques-uns des plus merveilleux édifices d’Italie.
La Place du Dôme, vaste espace que Gabrielle d’Annunzio a nommé « il prato dei miracoli », c’est-à-dire le champ des merveilles, est le lieu où surgissent la Cathédrale, le Baptistère, la Tour penchée et le « Camposanto » , le tout ayant pour fond sur un côté l’ancienne muraille de la forteresse du 12e siècle.
La construction du Dôme fut commencée en 1063, là où s’élevaient un palais de l’empereur Adrien et l’église de Santa Reparate. Le premier architecte, dont la tombe est sur la façade de l’église, en fut Buscheto. La construction en forme de croix latine et avec une coupole elliptique est de style strictement roman.
La façade est surtout l’oeuvre de Rainaldo, successeur de Buscheto. Cinquante deux colonnes ornées de beaux chapiteaux forment quatre galeries. La partie inférieure de la façade est constituée par sept arcades aveugles, décorées de losanges et de cercles; les arcades se prolongent sur les côtés et sur l’arrière.
Les portails sont encadrés de colonnes dont les plus belles sont celles du portail central. Les battants de la porte de bronze sont du 17e siècle et remplacent les célèbres portes du 12e de Bonanno Pisano, détruites par l’incendie de 1596. Sur les battants scènes de la vie de la Madone, oeuvres d’artistes de la fin du « Cinqueccento » . Les vantaux de la porte latérale (faisant face à la Tour penchée) dite de San Ranieri, oeuvre authentique de Bonanno Pisano, où sont représentés des épisodes de la vie du Christ, sont particulièrement remarquables.
Le Baptistère a été commencé en 1153 par le Pisan Diotisalvi; les deux parties inférieures sont de style roman, tandis que la partie supérieure comporte des ornements gothiques. De merveilleuses colonnes soutiennent les quatre portails. A l’intérieur, huit colonnes et quatre piliers surmontés de chapiteaux d’une puissante originalité soutiennent une galerie avec piliers et arcs en plein cintre. Les fonts baptismaux en marbre polychrome sont de Guido da Como (1246).
La chaire de Nicolo Pisano (1260) doit être considérée comme la première grande oeuvre de la Renaissance italienne. Elle est de forme hexagonale et la partie supérieure est ornée de cinq merveilleux bas-reliefs. Les sujets d’inspiration classique représentent des scènes de la vie du Christ. L’oeuvre comporte également les figures des prophètes et des évangélistes et de beaux chapiteaux séparés par des arcs trilobés et soutenus par sept colonnes, quelques-unes s’appuyant sur des lions. Le baptistère est réputé pour son écho.
La troisième merveille de cette place est la Tour penchée (Torre pendente) dont la construction fut entreprise en 1174 par Bonanno. La tour se compose de six galeries formées chacune de trente colonnes. Le sommet ne suit pas le mouvement oblique du reste mais s’élève presque verticalement vers le ciel. L‘inclinaison est due à un affaissement de terrain qui se produisit alors que l’édifice ne dépassait pas le premier étage. La construction n’en fut pas moins conduite à son terme. La hauteur maximum (au nord) dépasse de peu 55 m. et la déviation de la verticale est d’environ 4 m.27; 294 degrés permettent d’atteindre le clocher, d’où on jouit d’un vaste panorama. Galilée s’est servi de la tour pour ses fameuses expérience sur la chute des corps.
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