Les chambres décorées par le grand artiste, dans l’aile nord du palais, sont au nombre de quatre. Elles ont été commanditées par le pape Jules II qui voulait effacer le souvenir de son prédécesseur, le pape Borgia, Alexandre VI, et de sa famille, auxquels il vouait une haine tenace.
Ainsi furent délaissées avec le portrait d’Alexandre VI, les fresques de Barnardino Pinturicchio, au premier étage des appartements des papes jusqu’au pape Léon XIII qui les fit ouvrir au public.
Jules II fit aménager et décorer entièrement le deuxième étage et appela à Rome, en 1508, de grands artistes et parmi eux Raphaël.
Les deux premières chambres de l’appartement, la Stanza di Eliodoro et la Stanza della Signatura, sont les plus belles oeuvres de l’artiste.
La Stanza dell Incendio del Borgo, sur les dessins du maître fut exécutée par ses élèves.
La dernière, la Stanza di Costantino n’eut que quelques projets préliminaires du grand peintre. Elle a été décorée par Giulio Romano et Francesco Penni.
La Chambre de la Signature (Stanza della Segnatura)
Cette salle servait de bureau et de bibliothèque au pape. Le Tribunal ecclésiastique y siégea par la suite, d’où son nom.
La première fresque réalisée fut celle de l’Ecole d’Athènes sur une base de 7,70 mètres pour une hauteur de 5 mètres. Elle a été conçue pour illustrer le thème de la vérité reposant sur la science humaine.
Elle montre une assemblée composée des plus grands esprits, Platon, le bras levé vers le ciel, Aristote dont la main tendue symbolise la science et la recherche. Leurs disciples les entourent.
A l’extrême droite, on voit Raphaël et Sodoma, et Ptolémée portant une couronne et tenant chacun une sphère. Penché sur un compas,Euclide est avec ses élèves.
A gauche un groupe au centre duquel Pythagora à demi agenouillé est en train d’écrire. On voit aussi Parménide, Averroès, Epicure. Au second plan, un guerrier, Alexandre, ainsi que Xénophon etEschine écoutent Socrate.
Chaque mur de la bibliothèque correspond à chacune des quatre disciplines majeures : théologie, philosophie, droit et poésie.
Les personnages sont intégrés à un cadre narratif au lieu d’être simplement alignés.
Les allégories figurent dans les médaillons ornant la voûte.
La Chambre d’Héliodore
Les fresques de la stanza di Eliodoro, qui était la salle d’audience de Jules II, évoquent le puissant pouvoir de l’Eglise.
La peinture à la magnifique palette de couleurs représente Heliodore chassé du temple de Jérusalem dont il voulait voler les trésors.
C’est une mise en garde adressée aux Français qui en 1512 occupaient une partie du Vatican.
Plusieurs scènes sont rassemblées dans le même tableau. Elles se suivent dans la chronologie :
A gauche le pape Jules II assis sur son siège épiscopal regarde le grand prêtre agenouillé à l’autel, au centre, priant Dieu pour que Jérusalem soit délivrée.
A droite les prières sont exaucées. Un cavalier à la cuirasse d’or, envoyé de Dieu et les anges qui l’entourent, chassent les Syriens.
Les trois parties de l’oeuvre picturale se correspondent dans une composition parfaitement équilibrée.
La Chambre de l’incendie du Borgo
Dans la Chambre de l’Incendie du Borgo (Incendio del Borgo) (1514-1517), seuls les dessins des fresques sont du peintre. Ses élèves l’ont réalisée.
On y découvrira quatres grandes fresques : L’Incendie du Borgo (ci-contre), le Couronnement de Charlemagne, la Victoire de Léon III sur les Sarrasins à Ostie, et le Serment de Léon III.
La quatrième chambre, celle de Constantin, qui est la plus spacieuse, (1517-1525) est décorée par Romano et Penni.
La Chapelle Nicoline
Très proche des stanze de Raphaël, au deuxième étage, se trouve la chapelle privée de Nicolas V, située dans la Tour d’Innocent III. Elle est un des plus anciens vestiges du Palais.
La grâce infinie de l’art du peintre moine Fra Angelico a donné, avec le concours de Gozzoli, des fresques (1448-1449) en deux registres superposés figurant les quatre évangélistes et les huit pères de l’Eglise en grandeur nature.
Elles ont trait à la vie de Saint-Etienne, premier martyr lapidé, à la partie supérieure, et à la vie de Saint-Laurent condamné en 258 au supplice du gril, à la partie inférieure.
Ces fresques évoquent certains épisodes de la vie de Nicolas V (1398-1455) qui avait ordonné la construction de la nouvelle enceinte de Rome.