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Sacro GRA

Sacro GRA
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graRome à l’honneur pour ce Lion d’Or de Venise 2013. Mais une Rome un peu particulière puisqu’il s’agit de celle située de part et d’autre de l’autoroute A 90, ce Grand Raccordo Annulare ou GRA, qui la circonscrit.

Construite en plusieurs étapes à partir de 1948, et finalement achevée en 2006 pour le dernier tronçon, cette grande ceinture, ce périphérique éloigné sur lequel se pressent quotidiennement 160 000 automobilistes, a permis de désengorger une cité dans laquelle, comme à Londres ou à Paris, la circulation devenait un problème majeur.

Mais si à Paris le Boulevard périphérique marque les limites de la ville et sert de « frontière » entre la capitale et sa banlieue, à Rome la boucle est bien plus éloignée du centre urbain et ne traverse plus, sur la quasi-totalité de son parcours, que des zones rurales, des friches industrielles, et quelques secteurs d’habitation très disséminés.

Cette zone hybride entre ville et campagne a inspiré le réalisateur italien Gianfranco Rosi pour son troisième film (et second documentaire), comme il a séduit le jury de la 70e Mostra du Cinéma de Venise, présidé cette année par le grand réalisateur italien Bernardo Bertolucci.

Avec son Sacro GRA, Rosi (aucun lien de parenté avec un autre réalisateur, Francesco Rossi) signe une œuvre touchante et poétique, humaine et sensible, à la rencontre de ceux qui vivent de part et d’autre de la ceinture annulaire de l’A 90, une population hétéroclite occupant un espace intermédiaire, si proche mais pourtant si loin de la Ville Eternelle telle que la connaissent non seulement les touristes mais les Romains eux-mêmes.

Des pêcheurs d’anguilles, un botaniste, un ambulancier, les habitants d’une cité… Une galerie de personnages authentiques, simples et attachants, pour une succession de tranches de vies filmées avec justesse et pudeur, sans ajout de commentaire, et avec un indéniable sens de la photographie.

Une œuvre poétique à laquelle Rosi a consacré deux années. Deux années passées en mini-van, à explorer minutieusement cette Rome méconnue, à rencontrer, à se lier avec des personnages attachants, hommes et femmes qui semblent pour certains appartenir à une autre époque, pourtant pas si lointaine mais aujourd’hui bel et bien révolue. Un témoignage intimiste qui n’est pas sans rappeler le « Roma » de Federico Fellini, sorti il y a un peu plus de quarante ans. Un document surprenant, un travail d’ethnologue et une plume humaniste, pour un film touchant qui ne pourra que séduire les amoureux de Rome et de l’Italie.

Un Lion d’Or pour la première fois attribué à un documentaire, et avec lequel le trophée revient, après 15 ans (« Mon Frère » de Gianni Amelio, en 1998), entre les mains d’un réalisateur italien.

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