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Burano – L’île aux couleurs

Une nouvelle fois, il faut souligner qu’ici « rien n’est comme ailleurs ».  Burano est l’île dont on se souviendra le mieux parce qu’elle est un bouquet de fleurs éclatantes.

Elle est située près de Torcello, dans un paysage gris, aux eaux sombres, où elle fait jaillir des gerbes de reflets multicolores dignes d’un grand artificier. C’est un choc quand on y aborde. Jean Cocteau a écrit qu’elle avait les couleurs d’un printemps fou.

Pour aller voir ce feu d’artifice, il faut longer, et c’est là le contraste, des petites îles abandonnées couvertes de joncs, d’arbrisseaux, de cyprès, Madonna del Monte et Mazzorbo, toute proche, où il ne reste qu’un clocher, relié à Burano par un pont de bois. La promenade est charmante.

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Winston Churchill vint y peindre à plusieurs reprises.

L’Ile de Burano et son Campanile penché Comme les autres îles de la lagune, Burano est vouée à la pêche. Les barques nombreuses dorment sagement dans les canaux étroits, doublées par leurs reflets qui tanguent silencieusement. La circulation est devenue difficile car les canaux mal entretenus, s’ensablent.

Se perdre dans les rues est un véritable plaisir. Les maisons modestes sont gaîment colorées de bleu, vert, jaune, ocre-orangé ou safrané, et même rouge sang et rouge griotte.

Il semble que rien d’important ne puisse se passer dans cet espace « de modèles réduits », de petites maisons, petits canaux et ponts minuscules.
Tout est pêle-mêle, de couleurs franches, cadré par de sages fenêtres cernées de blanc que les pots de fleurs, deux par deux, garnissent uniformément.

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La tradition de peindre les maisons date du 7e siècle. Ainsi, les pêcheurs pouvaient apercevoir leur demeure, en rentrant de la pêche et mieux se diriger sur la lagune.

Les touristes investissent la petite ville gaîement, avec des exclamations étonnées. Il faut attendre le soir pour retrouver le calme.

On y vit dehors, sur le pas des portes, dans la couleur. Les lessives sont suivies d’étendage au travers des rues. Certaines, en plein vent, se transforment alors en petits navires en partance.

La Dentelle de Burano
Vivre dehors devant sa porte signifiait, pour la plupart des femmes de l’île : faire de la dentelle. Elles alignaient leurs points rapidement de leurs doigts agiles sous le regard des passants étrangers admiratifs.

Cet enlacement savant du fil fut connu à Venise depuis le 16e siècle, sous l’impulsion de l’épouse du Doge, la Dogaressa Duodo.

Les dentelles à l’aiguille au point de Venise ont été rapidement considérées comme les plus belles du monde. Elles passèrent en France sous le nom de « dentelle d’Alençon ». Colbert, ministre de Louis XIV avait fait venir des dentellières de Burano à Alençon pour assurer en France une production de cet art délicat.

Leurs dessins raffinés ravissaient les cours princières et royales. Louis XIV s’en était épris et en portait sur ses cols. Ses portraits en font foi.
Ce très ancien métier fut cependant oublié, du fait notamment de la concurrence française et ne reprit vie qu’au 19e siècle. On prétend qu’il fallut trouver une dentellière très âgée qui sut se souvenir du fameux point à l’aiguille (punto in aria).

Les vraies dentelles sont à des prix très élevés. Un vrai luxe. Celles qui sont maintenant vendues au mètre sont fabriquées à la machine et sont d’un coût modique. Il s’agit d’une institution organisée et une source de profit pour Venise.

C’est sans doute la raison pour laquelle Burano ne s’est jamais dépeuplée, contrairement aux autres îles de la lagune.

Une école de dentellières créée en 1872 et qui dispense maintenant des cours, accueille les touristes et assure quelques ventes. Elle protège le savoir-faire du 16e siècle. Elle se trouve dans l’ancien Palais du Podestat, sur la Piazza Baldassare Galuppi (seul compositeur né dans l’île).
Se trouve également dans ce palais le Musée de la Dentelle (Museo del Merletto) où l’on peut prendre connaissance des difficultés techniques que recèle cet art, comme le « point triple » qui donne l’illusion du tulle et le « maillage » (reticello).

On y admire les plus belles pièces anciennes. Des dizaines de milliers de réalisations originales y sont exposées.

Sur cette Place Galuppi où se trouvent la plupart des curiosités à admirer, vous pourrez, si vous êtes gourmand, faire une halte dans une excellente pâtisserie dont le gâteau au beurre, dit « bussola« , est la spécialité. Quelques trattorias y sont également installées.

Le matin vous pouvez aussi vous rendre au marché aux poissons sur la Fondamenta Pescheria aussi riche en beaux produits de la mer que le marché du Rialto à Venise. Il assure le ravitaillement constant des habitants, les Buranelli. L’endroit est très animé, avec ses petits cafés où se retrouvent les pêcheurs.

Votre visite, enfin devra se terminer à la jolie église du 16e siècle, San Martino, près de la place Galuppi. Elle possède une oeuvre importante de Giambattista Tiepolo « le Calvaire ». Le peintre figure sur la droite du tableau, ainsi que le commanditaire.

Le clocher pointu est très penché, a 1,85 mètre d’écart en haut de ses 64 mètres. Il semble vouloir faire mieux que la Tour de Pise.

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