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Les Palais du Dorsoduro

Les Palais du Dorsoduro
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Et voici le tournant, la volta du Grand Canal à hauteur des palais Giustiniani et Foscari, qui terminent sur l’eau, le quartier du Dorsoduro.


Le palais Giustiniani

Le palais Giustiani se compose, en vérité, de deux bâtiments jumeaux d’une ample longueur construits au 15e siècle comme leur voisine immédiate la Ca’ Foscari.

Ils témoignent de l’attachement de la République à son style décoratif, raffiné et gracieux du gothique vénitien délicieusement orientalisé.

La symétrie des deux corps identiques se lit sur la disposition des baies centrales. C’est ici que Richard Wagner composa le deuxième acte de son opéra Tristan et Iseult, au cours de l’hiver 1858-59.

La Ca’ Foscari
La Ca’Foscari, d’une grande hauteur, est au coude du changement de direction de l’eau et à l’entrée d’une perspective nouvelle qui permet d’apercevoir dans le lointain, le merveilleux pont du Rialto.

Le palais a été construit pour le Doge Foscari qui a eu le plus long des règnes : trente quatre ans.

Le Doge avait acheté le vieux palais en 1452 et l’avait fait construire dans le très beau style gothique qui en fit l’un des plus grands édifices de ce style.

Il resta longtemps en possession de la même famille.

C’est aujourd’hui le siège de l’Université de l’Economie et du Commerce.

foscari

Sa position géographique des plus agréables, à la volta du Canal, a fait qu’il servit plusieurs fois pour la réception d’hôtes illustres, tels le roi du Danemark en 1709, et surtout, en 1574, le futur roi de France Henri III, fils de Catherine de Médicis.
Henri III visitant Venise en 1574, escorté par le Doge Alvise Mogenico. Un tableau d’Andrea Vicentino. La réception d’Henri III de France
En 1574, la Sérénissime donna pour ce jeune monarque âgé de 23 ans, qui quittait la Pologne pour le trône de France, dans un retentissement politique, des fêtes somptueuses qui restèrent dans la mémoire des vénitiens, comme une date historique.

Pour l’occasion, le grand Palladio dessina des arcs de triomphe qui furent décorés par Tintoret et Véronèse.

Le navire qui transportait le roi, formé de quatre cents rameurs slaves, était escorté de 14 galères. Sur la lagune, pour l’amuser, des radeaux portaient des artistes verriers qui confectionnaient d’élégants objets en soufflant le verre. Le four était masqué par des monstres marins qui crachaient le feu. Les bateaux des vénitiens qui étaient venus l’accueillir étaient décorés de dauphins, de dieux marins.

Le palais Foscari, en l’honneur du souverain, fut embelli de draps d’or, de tapis d’orient, de soies et de velours.

Des tableaux de Bellini, Titien, Tintoret, Véronèse, étaient rassemblés dans les pièces d’apparat.

Pour le banquet donné au Grand Conseil du Palais des Doges, les dames étaient vêtues de robes éblouissantes et parées de joyaux malgré les lois somptuaires les interdisant.
Le repas comprit dit-on mille deux cents plats pour les trois mille invités, la vaisselle était d’argent, les tables décorées de pièces de confiserie représentant les doges, les dieux, les vertus, les animaux, les plantes.

Après le dîner, le roi assista au premier opéra qui fut jamais représenté en Italie.

On lui montra une galère en pièces détachées qui fut construite dans la soirée même du banquet et mise à l’eau devant le palais ducal.

Les visiteurs étaient frappés de stupeur par tout ce luxe. Il fut dit que le jeune roi qui s’habillait simplement et qui aimait flâner tout seul ne retrouvait plus ses esprits et en garda une certaine somnolence.

Aujourd’hui il faut se contenter de fêtes plus simples et plus populaires qui ne sont pas dénuées de charme et de beauté.

La petite croisière du Dorsoduro est terminée. Vous pouvez quitter votre navire non décoré au ponton de San Toma, ce qui peut être vous arrachera le coeur. Mais il est probable que vous resterez à bord pour vous enivrer encore et encore de la beauté des nobles demeures qui jalonnent la plus ébouissante avenue du monde.

La Ca’ Rezzonico
Après le grand palais Loredan, gothique, on atteint la Ca’ Rezzonico qui est le plus vivant palazzo de la ville,  sublime musée du 18e siècle où l’esprit s’emplit encore plus que les yeux de l’intimité d’une Venise à jamais regrettée.

Ce magnifique palais baroque qui plonge dans l’eau ses colonnes austères, date de la seconde moitié du 17e siècle. Il fut conçu par Longhena et achevé par Massari.

La façade, toute en saillies, demi-colonnes, chapiteaux, mascarons, arcs en plein cintre, semble mouvante dans le jeu d’ombres et de lumière ainsi créé.

Les richesses artistiques qui y sont exposées dans un cadre des plus raffinés, réunissent les différentes facettes de l’art vénitien du 18e siècle.

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