A l’ouest du Campo san Polo, l’église majeure Santa Maria Gloriosa dei Frari, offre son imposante architecture et renferme tant de chefs-d’oeuvre qu’elle peut être considérée, en son entier, comme un musée de la Renaissance.
Les disciples de Saint François d’Assise arrivés à Venise en 1223, commandent en 1250 à Nicolo da Pisa un monastère et une église dédiés à la glorieuse Marie des Frères.
L’église consacrée en 1280 fut plus tard agrandie au 15e siècle.
Son campanile de quatre-vingts mètres, le plus élevé de la ville après celui de San Marco, fut élevé entre 1361-1369.
Comme toutes les églises médiévales de Venise elle est en briques, animée d’ornements en pierre blanche d’Istrie. Elle n’est pas austère, grâce aux raffinements qui l’embellissent, comme les pinacles, la corniche ogivale, ou les encadrements profilés des ouvertures.
Le Choeur reçoit la lumière par les élégantes baies superposées en deux registres .
On entre par une porte latérale, près du campanile. La nef, de quatre vingt dix huit mètres de long, est édifiée selon le plan en croix latine.
Sept chapelles absidiales sont rattachées au transept. Six piliers importants, circulaires, en pierre de taille dessinent les nefs latérales légèrement plus basses, créant un ensemble vaste et majestueux. Des tirants en bois peint stabilisent les voûtes en arête.
Le Choeur reçoit la lumière par les élégantes baies superposées en deux registres. Au soleil couchant, les fines structures ajourées des fenêtres ont beaucoup de grâce. Le choeur est le seul de ce type restant de nos jours à Venise.
La profusion des oeuvres d’art offertes par les notables fortunés et les confréries démontrent la faveur que connaissaient les Franciscains.
Le Maître-autel porte l’Asomption du Titien, de plus de sept mètres de haut. Dans la partie inférieure du tableau les apôtres montrent par leurs gestes et leurs regards l’état de sublime surprise dans lequel ils se trouvent. Cette extase religieuse contribue à faire considérer le tableau comme le premier chef -d’oeuvre de la haute Renaissance.
La Vierge de la famille Pesaro du Titien est vêtue de rouges intenses. Le donateur est agenouillé devant Marie qui est décentrée par rapport à l’ensemble du tableau, selon le choix du peintre pour laisser la place importante au donateur et à Saint Pierre (1519-1526).
Le tryptique de Giovanni Bellini (1488) est aussi un retable créé pour la famille Pesaro. Il se trouve dans la sacristie. La madone et les saints Nicolas et Pierre (à gauche) et Benoit (à droite) sont sur des panneaux séparés, ce qui renforce la silhouette vigoureuse des saints.
A droite du choeur se dresse le monument funéraire du puissant doge Francisco Foscari (1423-1457) qui démissionna, étant soupçonné de vouloir s’emparer du pouvoir. L’oeuvre est de la Première Renaissance, par les frères Bregno, commandité en 1457 par le neveu du doge.
Le monument mêle les éléments gothiques aux formes naissantes de la haute Renaissance.
On y voit le défunt entouré des vertus de l’Intelligence de la Justice, de la Tempérance et de la Force.
En face, se dresse le gigantesque tombeau du doge Nicolo Tron (1471-1473) exécuté par Rizzo selon un répertoire inspiré de l’Antiquité.
Le monument funéraire du doge Giovanni Pesaro (1660-1669) est de Longhena. Les statues africaines qui portent le monument sur leurs épaules sont impressionnantes.
Le monument à Canova (1827) a été sculpté par des disciples du maître. Le plan en avait été établi par l’artiste lui-même.
Le peintre Titien est enseveli à Santa maria dei Frari. Près de son tombeau se trouve une statue de Saint-Jérôme, d’Alessandro Vittoria (1525-1608).
Le choeur des moines est vraiment le seul qui soit intéressant à Venise. Les cent-vingt-quatre stalles de bois ont été sculptées par Marco Cozzi. Les revêtements sont en marbre, des frères Lombardo, pour la plupart.
La statue équestre du condottiere Paolo Savelli (15e) se trouve à gauche de l’entrée de la sacristie. Elle est d’un sculpteur toscan.
Une dalle funéraire scellée au sol devant la chapelle Saint Ambroise, qui est souvent fleurie, porte une simple inscription informant les visiteurs qu’il s’agit de la dernière demeure du grand musicien Claudio Monteverdi (1567-1643) pionnier de l’opéra moderne.
Dans la chapelle contiguë, on remarquera entre autres le très fin Saint-Jean-Baptiste sculpté par Sansovino.