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Marco Polo, commerçant et découvreur

Marco Polo, commerçant et découvreur
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C’est à ses fils marchands et navigateurs que la République de Venise doit les premières connaissances apportées en Europe relatives au monde oriental et asiatique, jusque là méconnu de l’Occident. Grand voyageur Marco Polo est certainement le plus connu d’entre eux.

marco_polo_1Les affaires étaient prospères avec l’Orient et les Terres de l’Est.

Dès le 13e siècle Venise en était à l’âge heureux où les richesses affluaient, l’or, les pierres précieuses, les fourrures, les épices.

Aux effectifs de la flotte marchande, de trois mille unités de petit tonnage et trois cents navires, venaient s’ajouter les quarante-cinq galères des lignes régulières de l’Etat.

Les louanges plaçaient la personne du marchand aristocrate en corrélation directe avec la prospérité de la puissante ville.

L‘expansion commerciale et maritime reposait sur l’esprit d’entreprise et la fortune des marchands.

On a pu dire que le Vénitien faisait du commerce partout où existait la possibilité d’en faire profit, même dans les denrées bon marché, sans spécialisation dans une branche déterminée.

venise_polo_400Aussi longtemps que son âge le lui permettait, il laissait sa demeure et partait accompagner ses marchandises vers d’autres pays, pour les revendre et en investir le montant en d’autres biens qu’il échangeait ensuite ailleurs, et ainsi de suite pour multiplier le plus possible les occasions du bénéfice, prompt à changer de programme ou d’itinéraire selon la conjoncture.

Le cas de la riche famille Polo est à cet égard exemplaire.

La famille Polo arrive de Dalmatie en 1033 et commence son commerce en Méditerranée.

Les Polo, père et oncle de Marco, possédaient alors plusieurs maisons dont deux sont encore visibles à Venise.

Ils quittent la cité vers 1253 pour Constantinople.

Sept ans après, ils liquident leur comptoir pour se fixer à Soldaïa (actuelle Soudak), en Crimée, où se trouve leur frère aîné, le vieux Marco.

Pour étendre leurs affaires, ils pénètrent ensuite dans la zone de la basse Volga et atteindront ensuite Boukhara, pour le commerce de la soie et du cuir.

Ils y restent trois ans et entretiennent des rapports étroits avec la population, ce qui leur permettra plus tard de converser sans interprète avec le Grand Khan.

merveilles1_400Au pays du Grand Khan
Il semble que ce soit Nicolo et Matteo Polo qui aient été les premiers occidentaux à pénétrer jusqu’au coeur de la Chine, en se joignant à l’ambassade de Boukhara auprès de Koubilaï, maître de la chine et petit fils du grand Gengiskhan.

Mais le mérite reviendra plus tard à Marco Polo d’avoir écrit ses longues observations sur ce pays.

De retour à Venise en 1269, Nicolo Polo retrouve son fils Marco, adolescent.

Deux ans après, le jeune homme entreprendra avec son père et son oncle un long périple de 24 ans (1271-1295).

Ils s’embarquent par le convoi maritime habituel VeniseConstantinople.

Ils se rendent à Acre, à Jérusalem, traversent les déserts « toujours dans le sens du vent nord-est » pour arriver jusqu’au Grand Khan.

Sans doute ont-ils traversé l’Arménie, le pays Tartare, mais les écrits de Marco Polo ne sont pas précis à ce sujet.

Ils arrivent auprès de Khoubilaï,  dans la ville de Cambaluc (Pékin) et constatent l’intense commerce de la soie et de l’or.

Marco connaît vite les rouages de l’administration de la ville.

Il observe les moeurs, se déplace. Il se voit confier de hautes fonctions.

Il est envoyé en mission en Annam, au Tonkin, en Inde, en Perse.

Après 17 ans, les Polo obtiennent du Grand Khan l’autorisation de retourner à Venise.

Ils repartent par mer cette fois, chargés d’une mission d’accompagnement d’une jeune princesse mongole promise à Arghun, prince mongol régnant en Perse.

Le convoi de quatorze navires part pour un long voyage plein de périls, passant par Sumatra.

Peu de gens en survivront, dont heureusement les trois Polo.

Au terme d’un voyage de retour de quatre ans, ils arrivent enfin épuisés à Venise.

Ils frappent, dit-on, à la porte de leur palais.

Une servante, à la fenêtre demande « qui est là ? »

Ils répondent : « i padroni ! », « les maîtres »… Comme s’ils rentraient d’une simple promenade.

 

millioneMessires Millione
On les appellera messires « millionne » en raison de la profusion des richesses et des pierre précieuses qu’ils rapportent.

Ils donnent de somptueuses fêtes dans leur palais de San Giovanni Crisostomo pour retrouver tous leurs amis.

Puis ils reprennent au plus vite leurs activités commerciales.

Cependant Venise est en guerre contre la ville de Gênes.

Marco Polo arme à ses frais une galère de combat.

Mais il est fait prisonnier. Il croupit, pour trois ans, dans une prison de la ville et partage sa cellule avec l’écrivain Rusticien de Pise, auteur de romans de chevalerie.

C’est alors que, pour tempérer son malheureux sort Marco Polo lui dicte le récit de ses fantastiques aventures dans ces lointaines contrées ignorées des Vénitiens et des Européens.

Grâce à cette oeuvre, écrite en français, Marco Polo sera le symbole des premiers contacts avec la Chine médiévale.

Il sera associé dans la mémoire populaire à Christophe Colomb et à Magellan.

Mais Rusticien qui a tenu la plume n’a-t-il pas ajouté les narrations qui ont enjolivé le récit d’après ses propres contacts avec des Chinois, des Indiens, des Arabes ?

Les détails donnés sur les missions de Marco Polo auprès du Grand Khan ne correspondent nullement aux rapports chinois officiellement connus.

Marco Polo est-il réellement allé en Chine ?
Aucun chroniqueur chinois, nulle archive officielle, nul document ne mentionne sa présence, alors que d’autres étrangers n’ayant pas eu une fonction aussi prestigieuse sont consignés.

On remarque que Marco ne fait aucune allusion à la Grande muraille, à la cérémonie quotidienne rituelle du thé, à la coutume cruelle des pieds bandés que subissent les femmes de rang élevé.

Il n’a pas assimilé les pictogrammes de l’écriture chinoise.

Il n’a pas acquis la connaissance des porcelaines.

Il n’est pas, non plus, très précis sur les itinéraires qu’il a empruntés durant toutes ses missions. Les dates de ses voyages sont erronées.

Il faut néanmoins considérer ces mémoires, écrites en français et publiées en 1292, comme un compte rendu éminemment utile sur l’Orient au 13e siècle.

Jamais personne avant Marco Polo n’avait cherché à saisir l’organisation de diverses parties du Monde et n’avait exploré tant de routes d’accès, qui seront suivies par les vénitiens et les européens.

Ses mémoires, de toute manière, rendent compte de la prestigieuse culture des marchands vénitiens et de leur prodigieux esprit d’entreprise.