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« Rome, l’Italie et moi », de Philippe Ridet

« Rome, l’Italie et moi », de Philippe Ridet
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ridet2Correspondant du journal Le Monde en Italie, un temps marié à une Italienne, installé depuis 2008 au coeur de la Ville Eternelle, Philippe Ridet est de longue date un amoureux du Bel Paese.

Arrivé au journalisme après avoir quitté pour Paris sa Bresse natale, et d’une façon assez peu conventionnelle, il devient rédacteur politique dans les colonnes du prestigieux quotidien. Il suit Jacques Chirac, puis Nicolas Sarkosy, arpente les couloirs du Palais Bourbon, jusqu’à ce jour de 2008 où son rédacteur en chef répond favorablement à sa demande d’occuper le poste de correspondant permanent à Rome.

En cinq ans sur le terrain, sur cette terre aussi riche en art et en culture qu’elle l’est en rebondissements politiques en tout genre, en vicissitudes économiques, en faits de sociétés dont l’écho dépasse bien souvent les frontières de la péninsule, cet Italien de coeur s’intègre, se fond, s’implique, découvre, dissèque, enquête, tente de comprendre et nous aide à cerner un pays bien plus complexe qu’il n’y paraît.

Car aux yeux du visiteur étranger, l’Italie reste trop souvent le pays du bel canto, de la « dolce vita », des gelatti, de la pizza, des gondoliers, des Vespa et des Fiat 500, de la mandoline, de « Sole mio » et de la joie de vivre.

Qu’est-ce qu’un Italien, demandait Cocteau, c’est un Français de bonne humeur…

A l’inverse, pour la presse mondiale et pour les observateurs étrangers, l’Italie se pare trop souvent de tous les défauts, de tous les trains qui n’arrivent pas à l’heure : corruption, clientélisme, fraude fiscale, règlements de compte, combines du football, chômage, dette et évasion fiscale, mafias de toutes sortes et scandales en tous genres.

Entre ces deux visions extrêmes, entre admiration et agacement, Philippe Ridet tente d’ouvrir une voie intermédiaire, avec prudence et sans jugements définitif, se souvenant de la phrase de Jacques Nobécourt, son prédécesseur à ce poste :

Méfiez-vous de ceux qui ont tout compris de l’Italie et peuvent l’expliquer clairement. Ils sont sûrement mal informés.

Aux passionnés, ou tout simplement aux curieux de l’Italie, si proche et pourtant si longtemps séparée de nous par la haute barrière des Alpes autrefois difficilement franchissable, l’ouvrage de Philippe Ridet apporte un éclairage personnel et non définitif sur les mille questions que chacun de nous est en droit de se poser.

Car l’Italie nous touche, nous plait, nous surprend, nous fâche parfois, nous concerne, d’une certaine façon.

Le monde entier, écrit Philippe Ridet, regarde l’Italie comme une part de lui-même. Désirée par la moitié des habitants de cette planète, qui voudrait y venir, elle est regrettée par l’autre moitié, qui y est venue et voudrait y retourner.

Des chapitres nombreux, clairs et concis, composent une peinture pointilliste de l’Italie d’aujourd’hui. Des teintes posées sur la toile, d’un coup de pinceau net et précis, par un peintre amoureux de son modèle mais qui ne cherche jamais à en masquer les défauts.

Ecrit avec un souci de clarté pour évoquer des problèmes souvent complexes, « L’Italie Rome et moi » se lit avec plaisir. L’auteur mêle au quotidien de l’actualité et de la politique, le propre journal de son installation à Rome, de ses déboires conjugaux, de ses rencontre avec un chauffeur de taxi, le marchand de journaux du kiosque voisin, la patronne du café, en bas de chez lui, sur la Piazza Navona.

Au menu, l’incontournable « Cavaliere » Berlusconi, qui n’en finit pas de revenir, le politico-comique Beppe Grillo, qui a secoué le paysage politique italien en mars 2013, Mario « Ben Loden » Monti, l’économiste austère, mais aussi Umberto Bossi, l’indépendantiste de la Ligue du Nord, ou encore Francesco Schettino, le « capitaine pas courageux » du Costa Concordia, et puis la terre qui tremble, les ruines des ruines de Pompéi, de Calimero (« C’est vraiment trop injuste), de la fuite inquiétante des jeunes diplômés…

Un portrait sans fards de l’Italie contemporaine, une lecture de l’intérieur pour, loin des clichés faciles et des idées reçues, tellement et depuis si longtemps ancrées dans notre esprit, redécouvrir enfin l’Italie comme on l’aime.

L’Italie, Rome et moi
Philippe Ridet
Flammarion – 254 pages – 18 €

 

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