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Venise, une Cité-Etat

Venise, une Cité-Etat
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Venise a établi les rouages politiques et administratifs d’une Cité-Etat de telle sorte qu’on a pu dire que c’était une République dont le peuple n’était rien.

Aux origines de sa fondation, la ville est considérée par l’Empire Romano-Byzantin de Constantinople comme une province dépendante.

Mais l’exceptionnelle montée de sa puissance maritime et économique l’a conduite très vite (840) à une titulature ducale entre les mains d’un dux veneciarum.

Une Cité-Etat
Les dynasties familiales de ses célèbres marchands, aux richesses accumulées, la font rapidement considérer comme une capitale importante à la tête de laquelle le Doge a la dignité d’un roi.

Par mesures successives, les symboles de cette titulature sont définis (12e siècle). La bannière de Saint Marc est l’emblème du Dogat.

Le dais et la pourpre, issus de la pompe impériale byzantine, sont adoptés. La couronne ducale supporte le bonnet appelé corno qui est paré de pierres précieuses et de lourdes perles. La toge est tissée d’or. La cape est d’hermine. Le doge tient la bacheta (prononcer baqueta c’est à dire la baguette) comme sceptre royal.

Mais il n’y a pas de monarchie. La Commune reste la référence d’une communauté urbaine plongée dans le négoce. Le Doge est le premier magistrat de la Commune. Cependant l’ensemble des magistratures communales devient un véritable appareil étatique. Des ambassadeurs sont nommés dans les pays étrangers. Les monnaies sont frappées à l’éffigie du Doge.

A la fin du Moyen-Age, Venise a toutes les structures décisionnelles installées, qui seront constamment affinées.

Elle est la seule véritable cité-Etat de l’époque. Elle restera pendant des siècles une ville indépendante atteignant la puissance d’un pays : la terra, qui signifiait la patrie.

Le Doge
Le Doge fut élu d’abord par tous les membres de la population. Mais dès 1171 le rôle du peuple est réduit. (Lire : Le Doge de Venise)

Les Conseils
Leur nombre n’ont cessé de croître pour la construction d’un Etat fort. Des organismes sont créés au fur et à mesure des nécessités, la classe patricienne dirigeante tient à participer aux décisions d’une manière massive.

Après l’élimination de la classe populaire au 12e siècle, les pouvoirs sont détenus par un Conseil des Sages (1143).

Au milieu du 13e siècle, il devient le Grand Conseil (Maggior Consiglio) qui comprend tous les membres mâles du Patriciat, âgés de plus de 25 ans, soit plus de mille membres au 14e siècle, 2700 membres au 16e siècle. C’est le rouage essentiel du système constitutionnel.

Son pouvoir électif est très étendu. Il élit le Doge, les membres de la Quarantia, les Conseillers, les Inquisiteurs, les Procurateurs de Saint Marc, les Magistrats.

Dès 1232, à son institution, il avait fait montre de son pouvoir autonome qui s’imposa au Doge.

Il débat de tous les problêmes importants mais son efficacité est diluée. Il délègue ses pouvoirs à diverses commissions de travail.
En 1297, une réforme dite « Serrata » rend héréditaire l’accès au Conseil pour toutes les familles siégeant depuis au moins quatre ans. C’était une manière de réserver aux plus grands le pouvoir.

La Quarantia
Emanation du Grand Conseil, la Quarantia eut dans un premier temps cent-vingt membres. Elle fut créée en 1179.

Au 12e siècle, elle devient un organe essentiel. Elle comprend trois chambres, deux chambres civiles et une chambre criminelle, présidées par trois chefs des quaranties. Seule subsista cette dernière.

Son autonomie cessa en 1324 quand elle s’intégra à un autre Conseil, dénommé Assemblée des Pregadi.

Le Sénat
Le Sénat, formé par les Pregadi atteint 300 membres. Son pouvoir exécutif est délégué aux 26 membres du Collegto d’une part et à la Segnoria d’autre part, présidée par le Doge avec ses six conseillers et les trois chefs de la Quarantia.

A partir de 1310, une juridiction d’exception, le très important Conseil des Dix, au pouvoir discrétionnaire, sans contrôle, dépossède le Sénat. Il détient l’autorité suprême qui incarne la volonté d’empêcher les trahisons, de prévenir les complots, d’enrayer les écarts qui mettraient la ville en danger.

Il exerce un contrôle permanent sur la vie publique et la vie privée. Organe de haute police et cour de justice, il possède des fonds secrets, des informateurs. Il a condamné à mort le Doge Falier.

Trois inquisiteurs agissent par délégation du Conseil des Dix pour dépister les cas d’intelligence avec l’ennemi.

La population subit en silence la puissance inquisitoriale et le climat de suspicion. Les « bouches de lion » installées au Palazzo comme dans les six quartiers facilitent la délation anonyme.

Le Conseil des Dix a aussi la surveillance des corps de métiers dont la volonté de participer à la vie publique, avait été brisée net au 14e siècle.

L’Administration
L’administration qui applique les décisions du Conseil, fonctionne en magistrature. Elle prolonge les secteurs de la vie publique d’une manière imposante.
Dès le 13e siècle une multitude d’offices, dont les membres sont élus, assurent la marche et le contrôle des bureaux financiers, militaires, navals, de la chancellerie des archives, des protocoles des notaires, des taxes municipales.

Cette organisation de la vie publique dans un système pyramidal stable donna au Gouvernement de la République, une longévité exceptionnelle que n’eut aucune cité grecque dans l’Antiquité.

Au 18e siècle, après les défaites de la flotte de guerre, après la perte des territoires coloniaux et la chute du négoce international, la pratique de la vente des charges publiques s’instaure, car l’argent manque.

Lorsque les troupes révolutionnaires françaises arrivent avec le Général Bonaparte en 1797, la ville ne peut assumer une solide résistance et fait soumission.

L’aristocratie Dirigeante
A compter du début du 13e siècle, la classe patricienne va s’accroître rapidement et obtiendra la responsabilité de la gestion autonome des affaires de l’Etat en soumettant le Doge à ses décisions. (Lire : L’Aristocratie Vénitienne)