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Une histoire de Florence

Une histoire de Florence
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La vallée de l’Arno a été habitée dès les temps les plus reculés. On sait de source sûre que, dès l’année 200 avant J.-C. Florence était une colonie de la cité étrusque de Fiosele. En 82 avant J.-C., la ville était déjà une prospère colonie romaine.

A l’époque impériale elle devient le siège du « Corrector Italiae » , administrateur des provinces de Toscane et d’Ombrie. Durant les invasions barbares (en particulier celle des Huns), la ville subit des dommages considérables. En 570, elle fut occupée par les Lombards. On sait peu de choses de la période qui va de la chute des Lombards à l’empire Carolingien (8e et I9e siècles). Après l’empire Carolingien, Florence passa sous la domination des empereurs germaniques. Elle connut enfin une ère de paix lorsque le comte Hugues de Toscane fut nommé « margrave » (prince du Saint-empire Romain germanique). Il choisit Florence de préférence à Lucques comme siège de la représentation impériale.

Les luttes entre Guelfes et Gibelins, qui bouleversèrent longuement l’Italie, eurent de violentes répercussions à Florence, où ne manquèrent pas les disputes sanglantes de famille à famille et entre la noblesse et le peuple. Malgré les tumultes et les luttes fratricides, l’influence politique et économique de la ville ne faisait qu’augmenter.

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En 1115, à la mort de la comtesse Mathilde de Toscane, s’était déjà développé le sens de l’indépendance qui devait faire naître la glorieuse commune annonciatrice des futures gloires de la République de Florence. En 1207 fut élu pour la première fois le podestat de la ville et en 1250 fut créé un gouvernement du peuple. Pistoia, San Giminiano et Volterra tombèrent aux mains des Florentins. A la bataille de Montaperti (1260), les gibelins de Sienne écrasèrent les guelfes de Florence, et le développement et la puissance de la ville marquèrent un temps d’arrêt. Mais la revanche des Campaldino (1289) rendit leur force aux guelfes et sa fortune à Florence. On créa un nouveau gouvernement, la Seigneurie, et en 1282 les Arti, espèce de corporation des métiers, formèrent un gouvernement de prieurs. A leur apogée on comptait 21 de ces corporations (Arti), divisées en majeures (7) et mineures (14), dont on peut voir aujourd’hui encore les armes sur la façade d’un palais de la place de la Seigneurie. En 1295 furent promulguées les ordonnances de justice de Giano della Bella, qui livraient le pouvoir au peuple et supprimaient les derniers privilèges de la noblesse. Signe extérieur, les tours des nobles furent considérablement rabaissées.

En 1300, une nouvelle lutte entre les factions des blancs et des noirs. Dante, guelfe blanc, fut alors exilé par les « noirs » victorieux. En 1342, la constitution populaire fut abolie; le « duc d’Athènes » prit la tête de la ville, mais le peuple le chassa l’année suivante pendant qu’étaient raffermis les droits de la liberté populaire. Toutefois, aux environs de 1343, s’était formée parmi les plus riches familles de marchands de la ville, une sorte d’oligarchie; le soulèvement des « cardeurs de laine« (ciompi), dirigé par Michele di Lando, parvint à obtenir de nouvelles garanties pour le peuple.

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Ensuite vint une période instable jusqu’à ce que, en 1381, la noble famille des Albizi suscitât la création d’un gouvernement aristocratique. Entretemps, Florence mettait la main sur Pise (1406), Cortone (1411) et Livourne (1421). En 1422, Giovanni Bicci Medici est élu gonfalonnier et chef de la république Florentine, et son élection marque le début des aventures de la famille des Medicis, qui se prolongèrent jusqu’à l’extinction de la famille avec la mort du grand-duc Jean Gaston (1737) A la mort de Giovanni Bicci (1429), son fils Cosme dit l’Ancien lui succéda. Cosme fut exilé un an, puis rappelé dans sa patrie. Il mourut en 1464 et fut enterré à Saint-Laurent sous une dalle de marbre qui commémore en lui le « père de la patrie ».

De 1464 à 1469, le fils de Cosme, Pierre le goutteux, prit la tête du gouvernement et à sa mort, Laurent le Magnifique lui succéda. Ce fut alors la période la plus fameuse de la civilisation florentine et de la Renaissance italienne. La cour de Laurent le Magnifique vit fleurir les plus beaux génies: les arts, la musique et la poésie y connurent une exceptionnelle splendeur. En 1478, il y eut la fameuse conjuration des Pazzi, dirigée, semble-t-il, par Sixte IV. Laurent en sortit indemne mais elle coûta le vie à son frère Julien. Laurent le Magnifique mourut en 1492 et son fils Pierre lui succéda, sans parvenir à s’attirer la sympathie du peuple qui, voyant en lui un ambitieux sans grands mérites, le chassa en 1494, après qu’il eut pris la malencontreuse initiative d’appeler à Florence le roi Charles VIII. la ville montra alors tout son esprit d’indépendance par le fameux épisode de Pier Capponi, qui reçut le roi en ces termes : « Si vous sonnez vos trompes, nous sonnerons nos cloches ». Charles VIII ne parvint pas à dompter Florence, qu’il finit par abandonner, non sans lui avoir imposé un lourd tribut.

Alors les citoyens exilèrent les Médicis confisquèrent leurs biens et saccagèrent leur demeure. La ville redevint une république et le demeura jusqu’en 1412, date à laquelle, après le retour de Léon X, fils de Laurent le Magnifique – éxilé en 1494 – Laurent, duc d’Urbin et fils de Pierre, reprit le pouvoir. Durant l’exil des Médicis, le pouvoir et la direction de la ville avaient été assumés par le fervent réformateur frère Jérome Savonarole. Un certain temps l’idole de la foule, le dominicain tomba en disgrâce et fut pendu et brûlé en 1498.

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Les Strozzi soulevèrent une nouvelle fois le peuple contre les Médicis, qu’ils parvinrent à chasser en 1527. Mais ces derniers revinrent au pouvoir en 1530 grâce à l’appui de Charles-Quint, qui brisa l’héroïque résistance des Florentins. Cette fois un Médicis monta véritablement sur le trône, et avec Alexandre, fils illégitime de Laurent, duc d’Urbin (d’autres disent de Charles VII), commença la dynastie des Médicis. A la mort d’Alexandre, assassiné par son cousin Lorenzino (1537), le duché de Florence passa aux mains de Comes Ier, fils du condottiere Jean des Bandes Noires et de Catherine Sforza. Cosme fut élevé à la dignité de grand-duc par une bulle de PieV, et le Duché de Florence devint le grand-duché de Toscane. Cosme eut pour successeur son fils François à qui succéda son frère Ferdinand. D’une longue série de grands-ducs de Toscane, nous citerons Cosme II (1608-1621), Ferdinand II (1621-1670) Cosme III (1670-1673), et enfin Jean Gaston qui mourut sans héritier et après lui la Toscane devait passer à la maison autrichienne de Lorraine.

Dans l’ensemble, les Lorrains gouvernèrent sagement jusqu’en 1859, date de l’indépendance de la Toscane. En 1860, à la suite d’un plébiscite, Florence fut annexée au royaume d’Italie, dont elle fut la capitale de 1865 à 1870.

Pendant des siècles, Florence a été un phare de civilisation et de beauté; avant tout elle a été le berceau de la Renaissance. Des poètes, des artistes, des hommes politiques, des savants éminents l’ont de tout temps aimée, chantée et enrichie de leur talent et de leur amour. A Florence accourent aujourd’hui encore tous les esprits assoiffés de beauté, car elle est toujours capable de susciter les plus pures inspirations. De Sainte-Croix, cette église qui, pour reprendre une phrase de Foscolo, « conserve et réunit les gloires d’Italie » – et qui abrite les tombeaux de Michel-Ange, de Galilée et de tant d’autres – se répand encore sur la ville le souvenir d’un autre temps, plein de grandeur et de lumière, d’orgueil et de fierté.