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Gian Lorenzo Bernini, artiste total

Gian Lorenzo Bernini, artiste total
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Gian Lorenzo Bernini, dénommé en France le Cavalier Bernin, est né à Naples en 1598. Il décède à Rome en 1680. Etant enfant, il vient à Rome en 1605, avec son père qui était sculpteur et qui travaillera plus tard dans l’atelier de son fils. Bernini sera lui-même architecte, sculpteur, décorateur, peintre, ainsi que dramaturge et poète.

bernini_2Il montre très tôt la prodigieuse précocité d’un enfant aux dons exceptionnels. On dit de lui qu’il frappe le marbre et « jamais pour rien ».

Sa vocation d’architecte mûrit à l’école de l’antiquité et des grands artistes du 16e siècle, de Michel-Ange à Vignola. Sa première tâche d’architecte-sculpteur, marquée par le courant maniériste est le baldaquin de la basilique de Saint-Pierre, commandé par le pape Urbain VIII en 1624, et achevé en 1633. Cette oeuvre, commencée alors que l’artiste a 26 ans, traduit bien l’esprit d’une époque en quête d’une nouvelle assise.

Bernini assimile tout particulièrement, avec aisance, l’art de Michel-Ange qu’il admire. Il s’intéresse à la Renaissance pour approfondir la grande tradition du dessin.

Sa célébrité vient rapidement, due à ses groupes de sculptures à thème biblique.

Entre 16 et 24 ans (1614-1622) il révèle un goût précis pour une interprétation de l’hellénisme et travaille, dans ce sens, comme restaurateur, pour se perfectionner.

Encore adolescent, il est admis auprès du pape Paul V. Il conquiert vite la sympathie de la noblesse. Les grandes familles l’appuient. Sa personnalité domine de plus en plus la société romaine, grâce à la protection de plusieurs pontifes et cardinaux.

Le cardinal Borghese, grand collectionneur, est son premier commanditaire. Il lui commande des sculptures pour sa villa qui est un véritable musée : EnéeAnchise et Ascagne (1618-1619) dont la composition est de son père, Pietro Bernini. Le David est de 1623, Apollon et Daphné de 1618-1624, Neptune et Tristan de 1620, l’Enlèvement de Proserpine de 1621-1622.

Ces oeuvres correspondent à une libération de l’art, allant du genre maniériste à la grande liberté baroque.

Bernini, lui-même, se vante de rendre le marbre plus fluide que la cire.

Le pape Innocent X désirait embellir la place Navona, siège du palais de sa famille. Après consultation de plusieurs artistes, il confie à Bernini la réalisation d’un projet de fontaine. Absolument extravagant, ce projet ravit le pontife.

Bernini peut alors entrer au service de la curie qui est l’administration gouvernementale de la papauté. Il en avait été écarté auparavant.

Les travaux de la fontaine venaient après ceux de la Fontaine du Triton, édifiée en 1640, où l’artiste avait déjà prouvé son aisance à intégrer les jeux d’eaux au volume des marbres.

piazza_navona_quatre_fleuvesLa Fontaine des Quatre Fleuves (Fontana dei Quattro Fiumi), au centre de la place Navona fut la « géniale invention du siècle » achevée en 1652 par le maître et ses élèves. Elle fut considérée comme la plus typique de l’art du 17e siècle par son exubérante nouveauté.

La chapelle Cornaro qu’il édifie et décore à l’église Sainte-Marie-de-la-Victoire (Santa Maria della Vittoria) est conçue comme un théâtre où est placé le groupe de Sainte Thérèse d’Avila en extase.

Après la mort du pape Innocent X, en 1655, protecteur de l’architecte-sclupteur Francesco BorrominiGian Lorenzo Bernini devient l’arbitre incontesté des arts. Il a libre accès aux appartements du pape.

bernini_vaticanDe 1656 à 1663, il est en charge de la majestueuse colonnade de la place Saint-Pierre, qui dépassera l’inspiration baroque, pour prendre place dans l’art universel.

En 1658, le cardinal Pamphili, neveu d’Innocent X lui commande l’édification et la décoration de sa chapelle privée. L’importance des bâtiments, projetée par Bernini en fera une véritable église qui est Saint-André-du-Quirinal, chef-d’oeuvre remarquable du courant baroque, d’une forte unité, d’une extrême harmonie, dont la construction dura vingt ans (1658-1678).

En 1658, l’artiste est invité par le roi de France, Louis XIV, afin d’établir les plans d’un agrandissement du palais royal du Louvre. La porte d’honneur devait être placée au centre de la nouvelle façade orientale qui se devait d’être grandiose.

Le Bernin, comme on l’appelle en France, est reçu princièrement, mais le projet qu’il présente est critiqué par les tenants du classicisme français, qui lui préfèrent la proposition de l’architecte Claude Perrault, frère du légendaire auteur des contes, Charles Perrault.

Néanmoins, Le Bernin sculpte le buste du roi, à Versailles. Dans la deuxième partie de sa vie et jusqu’en 1670, il assume la poursuite des longs travaux de la basilique Saint-Pierre.

En 1671, le monument funéraire d’Alexandre VII est commencé. L’oeuvre représente le pontife à genoux, en prière.

En 1674, il termine une oeuvre tardive « la Bienheureuse Ludovica Albertoni » qui traduit toute sa virtuosité, mais aussi toute sa poésie. Une oeuvre à admirer dans l’église San Francesco a Ripa, dans le quartier du Trastevere.

La bienheureuse est représentée à l’instant émouvant de son dernier soupir. Les ombres froides du marbre font pressentir l’ultime moment. Le Bernin donne à la matière une puissance qui se prolonge dans l’espace par des vibrations augmentant l’effet dramatique. Il est le grand interprète de la tension spirituelle.

Toutes ses oeuvres sculptées sont caractérisées par le goût du maniement illusionniste de la lumière et de l’ombre, une recherche des mouvements, du jeu des drapés, de la torsion des poses.

La virtuosité technique est présente dans la suggestion des textures des étoffes, dans les chairs, les chevelures, la mobilité des expressions.

Ses portraits sont d’une rigoureuse précision, au moindre détail. Ses grandes statues isolées sont de plus en plus rares comme la statue équestre de Louis XIV, par exemple, car il préfère maîtriser les décors et agencer les vastes ensembles où la sculpture s’intègre à l’architecture.

En tant qu’urbaniste, le cavalier Bernin sait animer les places d’une manière théâtrale. Il pratique la fusion et la proportionnalité entre les deux formes artistiques. Il y place des fontaines aux sculptures abondantes. On lui confie des projets de prestige.

berniniSes réalisations architecturales de l’église de Castel Gandolfo, du palais Barberini, de Saint-André-du-Quirinal, de la colonnade de la place Saint-Pierre, de l’escalier de la scala Régia, avec la statue de Constantin révèlent, certes, une certaine fidélité à l’esprit de la Renaissance, mais traduisent aussi un mysticisme sensuel spectaculaire dans lequel se révèle le triomphe de la Contre-Réforme. Son talent est au service de la foi et de sa ferveur pour Ignace de Loyola, en particulier.

Ses oeuvres atteignent l’exaltation spirituelle dans une étonnante fluidité des personnages et leur frémissement charnel qui provoque l’émotion intense.

Il ne ménage pas sa bouillonnante imagination, il se veut artiste extravagant, ce qui signifie pour lui un profond désir de liberté.

Il a posé les bases d’une nouvelle conception de l’art au 17e siècle qui conduisait à « étonner et émerveiller« , pour magnifier toute une époque.

Michel-Ange – Le Bernin – Donato Bramante – Raphaël