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L’Aristocratie Vénitienne dirigeante

L’Aristocratie Vénitienne dirigeante
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A compter du début du 13e siècle, la classe patricienne va s’accroître rapidement et obtiendra la responsabilité de la gestion autonome des affaires de l’Etat en soumettant le Doge à ses décisions.

Les familles de fortune marchande vont devenir les détentrices du pouvoir politique. L’Ordre des nobles oblige à l’enregistrement des éligibles de droit, à compter de 1314 à l’Avogadoria di comun. Cette inscription des naissances, mariages, décès, deviendra plus tard « le Livre d’Or », minutieux répertoire de l’Aristocratie définissant l’hérédité et donnant ainsi la preuve du droit à siéger aux Conseils.

Les aristocrates vénitiens n’ont pas de titre féodaux (comte, vicomte, marquis). Ils se désignent simplement par le titre de sier ou messier. On les appelle gentilumo ou  uomine nobile.

Seuls peuvent porter un titre nobiliaire les patriciens qui ont la possession d’un territoire en terre ferme ou en colonie. Par exemple, les comtes dal Zaffo se prévalaient de leur titre parce qu’ils possédaient des terres dans la presqu’île de Jaffa.

L’ancienneté de la noblesse s’établissait, compte tenu de la date de l’inscription des familles ou maisons, sur le registre des Avogadori,

  •  « Les Vieilles Familles », ou « Vieilles Maisons », Case Vecchie (prononcer Véquié) étaient déjà nobles au 11e siècle. Elles se prévalaient de l’honneur d’avoir participé, dans le haut passé, à l’élection du premier Doge Anafasto en 697.
  •  « Les Nouvelles Familles », ou « Maisons Neuves », Case Nuove, étaient nobles depuis les 11e-13e siècles.
  •  « Les toutes nouvelles Familles », Case Novissime, au nombre de 31, avaient été inscrites à compter de 1350, en raison de leur participation à la guerre de la Chioggia contre Gênes.
  •  Enfin les « Familles inscrites pour l’argent » Case fatte per soldo, ont été enregistrées lors de l’interminable guerre contre les Turcs, au 17e siècle. L’aristocratie avait accepté la réouverture du livre d’or en faveur de la classe bourgeoise et les professions libérales qui étaient agréées moyennant paiement de 100.000 ducats. Les sommes considérables ainsi recueillies permettaient de renflouer le Trésor de l’Etat mis à mal par la guerre.

A l’époque de la chute de la République, le livre d’or comptait 1218 noms.

L’appartenance à la noblesse chargée de l’appareil de l’Etat, nécessitait l’observance d’une discipline et d’obligations strictes:

Les vêtements portés devaient se composer d’une longue robe, noire ou rouge selon la qualité du siège détenu à un Conseil, et d’un chapeau noir, la beretta.

Le déplacement des nobles à l’étranger était subordonné à autorisation.

Ceux qui étaient nommés ambassadeur se devaient de supporter la charge financière de leur poste sur leur cassette personnelle. Il n’était d’ailleurs pas possible de refuser une nomination ou une fonction officielle sous peine de tomber en disgrâce.

L’état de guerre entraînait de lourdes contraintes. Les patriciens ayant combattu lors d’une bataille, finalement perdue, étaient destitués pour trahison. L’opprobre les poursuivait jusqu’au tombeau par une mention inscrite sur la pierre tombale.

Ces règles s’appliquaient même au Doge qui se trouvait être le plus infortuné des serviteurs de la République. Pourtant Venise eut toujours de valeureux nobles qui ne cessèrent de s’illustrer pour la gloire de leur belliqueuse patrie.

Les distinctions honorifiques, comme celle de la stela d’or (étoile d’or), étaient très convoitées. L’espoir de devenir Doge était vivace dans toutes les familles. Il s’agissait de la seule charge à vie.

Dans une famille patricienne, la lignée ne se distinguait pas d’après la primogéniture, en branche aînée et branches cadettes. Il n’y avait pas de droit d’aînesse. Les branches fortunées étaient les plus importantes, les plus illustres, les plus appréciées. Les branches moins riches avaient moins de considération. Les branches appauvries ne pouvaient être qu’insignifiantes.

Les branches familiales qui portaient le même patronyme se distinguaient par un détail s’ajoutant au nom, qui pouvait avoir trait à un bien d’habitation, à l’exercice d’une profession, ou même à une particularité physique.

La famille Contarini, pour donner un exemple qui était de Casa Vecchia, s’était divisée en branche Contarini Filosofi, en branche Contarini Londra (bureaux à Londres), en branche Contarini di Santa Ternita habitant dans cette paroisse, en branche Contarini Del Bovolo dont le palais était doté d’un magnifique escalier en forme de colimaçon.

La notoriété, le prestige du grand négoce se devaient d’être démontrés par l’édification d’un palais nécessaire aux affaires, vaste pour y loger une famille, magnifique pour une lignée illustre. Il y a  plus de cent vingt palais sur le Grand Canal et plus de deux cents au total dans la ville.

Une architecture grandiose et exceptionnelle reste le témoignage d’une république qui s’était donnée les institutions d’un empire.

 

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